BFMTV
Culture

Michel Bussi publie "N.E.O.", sa première saga pour ados

L'écrivain Michel Bussi

L'écrivain Michel Bussi - Dyod – Agence Opale – Leemage

L'auteur de polars à succès se lance dans un genre qu'il n'avait pas encore exploré: les romans pour adolescents. Il publie ce 1er octobre N.E.O, le premier volet d'une dystopie située dans un mystérieux Paris post-apocalyptique.

On peut être un auteur de best-sellers, vendus à plus de 8 millions d'exemplaires, multi-adaptés à la télévision, et être un peu fébrile à quelques jours de publier un nouveau livre. Il faut dire que Michel Bussi, puisque c'est de lui qu'il s'agit, sort de son domaine de prédilection, les polars, pour s'aventurer en terrain adolescent. Il publie ce 1er octobre N.E.O, premier épisode d'une saga pour jeunes lecteurs, qui doit compter quatre tomes.

L'auteur a déjà investi les rayons littérature jeunesse, avec notamment Le Petit chevalier naïf, adapté de son livre Maman a tort. Mais il ne s'est jamais encore attaqué aux adolescents.

"Les ado ne me connaissent pas", souligne l'écrivain. "Les parents achèteront peut-être le livre sur mon nom, mais ce sont les ados qui sont prescripteurs, ce sont eux qui adhéreront ou non à l'histoire et s'empareront ou non de l'univers", pointe-t-il.

N.E.O 1 - La Chute du soleil de fer, est une dystopie située dans un Paris post-apocalyptique, où les adultes ont disparu. Seuls des enfants - tous âgés de 12 ans - demeurent dans ce monde, organisé en deux groupes, les enfants du "tipi de fer" et ceux du "château". La forêt a repris ses droits et ne subsistent que des vestiges de la civilisation, des monuments surtout, mais aussi un réseau de -M-, les stations de métro. Pourquoi ces enfants ont-ils tous le même âge, qu'est-il arrivé à leurs parents? Mystère.

Si l'on songe par moments à des sagas comme Divergent, Le Labyrinthe ou Hunger Games, en lisant N.E.O., ce n'est pas de ces dystopies-là - qu'il a lues après - que Michel Bussi se réclame. "Mon influence, c'est quand même Harry Potter", livre ce grand fan de l'oeuvre de J. K . Rowling pour qui "il y a eu un avant et un après Harry Potter".

La couverture de la saga pour ados, de Michel Bussi.
La couverture de la saga pour ados, de Michel Bussi. © Dyod – Agence Opale – Leemage

Si N.E.O. a "un côté récit de survivance à la Robinson", Michel Bussi estime que sa "série est beaucoup plus proche des Harry Potter dans l'esprit, que des Hunger Game et autres dystopies, même s'il n'y a pas de magie". "Comme dans Harry Potter, j'ai voulu mêler humour et drame". Et tandis que Harry Potter plonge ses lecteurs dans l'ambiance des pensionnats anglais, la saga de Michel Bussi est, elle, imprégnée de culture française.

"Il n'y a pas un camp du bien et un camp du mal"

"Je serais très content si les ados étaient tellement embarqués par la saga, que cela leur donne envie de revisiter les lieux. Si après avoir refermé le livre, ils disaient à leurs parents 'on va au Louvre le week-end prochain?'"

La saga de Michel Bussi explore en effet la capitale et le musée du Louvre à hauteur d'enfants. La Victoire de Samothrace, La Joconde, L'enlèvement des Sabines, Le Sacre de Napoléon et Le Radeau de la méduse peuplent le quotidien des jeunes survivants. Il espère ainsi transformer "un truc plutôt barbant pour un enfant de 12 ans en quelque chose de plus excitant. Pareil pour la Tour Eiffel, l'île aux cygnes, la Grande Galerie de l'évolution".

Et puis à travers l'affrontement de ces enfants - d'un côté les érudits, élevés dans le musée, de l'autre les enfants de la Tour Eiffel, poussés sans instruction et de façon plus sauvage - Michel Bussi entend s'opposer à des récits plus manichéens:

"J'aimerais aussi que les ado comprennent que même si on a de très belles valeurs, même si on croit vraiment à ce qu'on fait, c'est très compliqué de donner des leçons aux autres. Parce que finalement on est toujours la caricature de quelqu'un. Il n'y a pas un camp du bien et un camp du mal."

Reconnecter avec la jeunesse

Cette robinsonnade est aussi une façon pour l'auteur de reconnecter avec sa propre jeunesse. Avec le jeune Michel Bussi, grandi dans un "petit village en bord de Seine en Normandie". "J'étais un enfant proche des enfants du 'château', avec le goût de la lecture, de comprendre le passé, évoque-t-il. J'étais plongé dans la mythologie grecque. Il y avait ce côté un peu intellectuel. Mais c''est aussi l'époque où j'allais en colo, on construisait des cabanes. On avait plus de liberté qu'aujourd'hui, on pouvait aller jouer dans la forêt d'à côté sans avoir à téléphoner toutes les heures aux parents".

Le Paris post-apocalyptique de NEO, la saga pour ados de Michel Bussi.
Le Paris post-apocalyptique de NEO, la saga pour ados de Michel Bussi. © Djet

"Je suis nostalgique de l'enfance perdue qui ne reviendra jamais, mélancolique des portes qui se ferment pour toujours", avait-il lâché dans une interview au Parisien. "Si j'écris pour les ados, c'est un bon moyen de 'réouvrir les portes'", nous livre-t-il. "Mes enfants sont assez grands, la plus petite a 12 ans... et très vite, on s'aperçoit qu'on est relativement déconnecté, voire très, déconnecté avec la jeune génération. Mais ça, c'est la vie. Même avec la meilleure volonté du monde, on est déconnecté de fait. Et c'est un truc assez fabuleux, qu'un vieux comme moi, de 55 ans, puisse créer un univers pour des ados, entrer en résonnance avec eux, influencer leur univers, les faire réfléchir", ajoute-t-il, ravi à la perspective que des enfants joueront peut-être à incarner ses personnages dans les cours de récré.

Jules Verne et Agatha Christie

Et puis "il faut se replonger dans ce qu'on aurait eu envie de lire à ce moment-là". Bussi lui-même était, à 12 ans, friand de Jules Verne, lisait - déjà - beaucoup de policiers, dont ceux d'Agatha Christie. C'est aussi à cette période qu'il est tombé dans Tolkien. "Je devais être en 4e quand j'ai lu Le Seigneur des Anneaux - je l'ai lu plusieurs fois. Tolkien était déjà connu des lecteurs - c'était déjà un livre important de la littérature jeunesse - mais pas comme aujourd'hui, où c'est carrément de la pop culture".

N.E.O. mêle donc ces influences, sans négliger l'aspect policier, cher à Michel Bussi. "Je l'ai construit comme une enquête policière. J'ai aussi voulu y introduire cette dimension". Une façon de se retrouver en terrain connu, celui de ses récits adultes.

Le prolifique auteur a déjà écrit le deuxième tome de N.E.O. et connaît à peu près le destin qu'il veut réserver à ses jeunes héros, qui vont grandir au fil des volumes. Des jeunes héros qu'on verrait bien à l'écran. Lui aussi, d'ailleurs. "Je l'ai écrit avec des images en tête, clairement. Forcément, on ne peut s'empêcher d'y penser en terme de cinéma, de franchise... si les ados s'en emparent".

N.E.O. 1 - La Chute du soleil de fer, chez Pocket Jeunesse, à partir de 12 ans, 508 pages, 19,90 euros

Magali Rangin
https://twitter.com/Radegonde Magali Rangin Cheffe de service culture et people BFMTV