Lubrizol : « Super dangereux pour la santé » ou pas ?

Les opérations de neutralisation du gaz mercaptan, dans l’usine Lubrizol de Rouen, ont commencé dans la nuit de mardi à mercredi et pourraient durer plusieurs jours. Sur RMC, un ancien employé de l’entreprise témoigne : « Je sais ce que c’est, c’est super dangereux pour la santé ».

Les habitants de l’agglomération de Rouen pourraient devoir se boucher le nez pendant encore quelques jours. L'opération qui doit mettre fin à la fuite de gaz dans l’usine Lubrizol, à l’origine d’un nuage malodorant de mercaptan (à l’odeur d’œuf pourri et qui sert entre autres à identifier les fuites de gaz de ville) senti en Seine-Maritime, dans la région parisienne et même jusque dans le sud de l’Angleterre, pourrait prendre plusieurs jours.
« Le protocole suit son cours. Ça se passe bien. On a bien progressé tout au long de la nuit » et ces opérations de neutralisation « vont se prolonger pendant plusieurs nuits », explique-t-on à la direction de l’entreprise. Une réunion doit se tenir à la préfecture en tout début de matinée et « on espère qu'alors, le protocole mis en œuvre va être validé », ajoute la direction. « La première étape consistait pour nous à prendre toutes les précautions nécessaires », a souligné la porte-parole de la direction. Tout au long de la nuit, « entre 20 et 30 salariés de l'entreprise ont été mobilisés », indépendamment des différents services publics, tels que police et pompiers. Des restrictions de circulation ont été prises aux abords immédiats de l'usine et la levée du bouclage, encore en place à 6h du matin, sera décidée par la préfecture. Le choix d'effectuer de nuit les opérations de neutralisation a été fait afin de limiter la gêne pour la population.

« Rappeler qu’il n’y a pas de danger »

Delphine Batho, la ministre de l'Ecologie, a écourté un déplacement à Londres et s’est rendue mardi soir sur place pour rencontrer les responsables de l'usine, tout en annonçant qu’une enquête administrative serait ouverte pour déterminer l'origine de la fuite. « Moi, je suis d’abord venue encourager et soutenir les services de l’Etat, mobilisés, pour traiter l’origine et les causes d’une pollution. Ensuite, je crois que beaucoup de personnes ont été incommodées, avec des maux de tête, des nausées, donc le but est de rappeler qu’il n’y a pas de danger pour la santé, même s’il y a eu une gêne, et nous travaillons à ce que tout soit mis en œuvre pour résoudre les causes de cette pollution », affirme la ministre.

« C’est super dangereux pour la santé »

Sébastien, 28 ans, a travaillé chez Lubrizol pendant un an. Et pour lui, ce sont « des mensonges », les risques seraient bien réels. « C’est aberrant. On nous ment, et quand on sait la vérité, c’est grave. Tant que ça sent, ça va, mais quand on ne le sent plus, c’est qu’il est dissous dans l’air, et c’est super dangereux pour la santé. Moi je travaille dans l’usine, je sais ce que c’est, il ne faut pas rester plus d’une minute à respirer ça, car après, ce sont des maux de tête, de ventre, et la diarrhée, même à faible dose. C’est inquiétant, très inquiétant ».
Le mercaptan, un gaz très odorant, est classé dans la liste des produits « toxiques par inhalation » et « dangereux pour l'environnement », mais les seuils auxquels les riverains sont soumis « sont très en dessous des seuils ayant un impact sanitaire » selon les ministères de l'Intérieur et de l'Ecologie.

Mathias Chaillot avec Amélie Rosique