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Culture

Louis Aliot maire de Perpignan: trois lauréats des prix Méditerranée boycottent la remise des prix

Louis Aliot, tête de liste RN à Perpignan, le 31 janvier 2020

Louis Aliot, tête de liste RN à Perpignan, le 31 janvier 2020 - Raymond Roig

L'une des lauréates et son éditeur estiment "inopportun de paraître apporter la moindre caution à une équipe municipale qui incarne l'inverse de toutes les valeurs qu'(ils défendent)".

Trois lauréats des prix Méditerranée 2020, et l'éditeur de l'une d'entre eux, ont annoncé qu'ils boycotteront la remise des prix le 3 octobre à Perpignan, après l'élection du RN Louis Aliot à la mairie.

Bruno Doucey, l'éditeur de la poétesse Souad Labbize, indique dans un communiqué à l'AFP que sa maison d'édition ne se rendra "pas à la remise du prix pas plus" que Mme Labbize.

Ce prix étant "placé sous la houlette du Centre Méditerranéen de Littérature (CML), parrainé par la mairie de Perpignan", et devant être remis "par son organisateur, le nouvel adjoint à la Culture de la ville", André Bonet, "il nous semble inopportun de paraître apporter la moindre caution à une équipe municipale qui incarne l'inverse de toutes les valeurs que nous défendons", précisent les Editions Doucey.

Colauréate avec Carles Diaz du prix Méditerranée Poésie 2020 pour son recueil Je franchis les barbelés, la poétesse algéro-tuniso-française Souad Labbize a cosigné avec l'écrivain marocain francophone Mahi Binebine (prix Méditerranée 2020 pour Rue du pardon) et le romancier italien Giosuè Calaciura (prix Etranger 2020 pour Borgo Vecchio) un texte annonçant qu'ils déclineront l'invitation à la cérémonie.

"Éviter tout amalgame"

Il s'agit d'"éviter tout amalgame et toute récupération ou instrumentalisation de la culture à des fins idéologiques ou politiques", précisent les auteurs. Le président du jury, l'écrivain et académicien Dominique Fernandez, en a également démissionné "en choisissant pour prétexte l'élection d'un maire soi-disant d'extrême droite" a indiqué à l'AFP Alain Bonet, président historique, avant sa démission en février, du CML, créé à Perpignan en 1982 avec l'appui de Jack Lang.

Ces prises de position découlent selon lui d'une "petite cabale totalement hors sujet", une "tempête dans un verre d'eau":

"Ces trois lauréats auraient dû refuser le prix, c'est cela qui aurait été courageux", a-t-il ajouté, réaffirmant son estime pour la qualité de leurs oeuvres et l'engagement du CML en faveur de l"'esprit de partage et de fraternité" en Méditerranée.

"Les sept autres lauréats seront présents" à la cérémonie, à laquelle assisteront également "une dizaine d'anciens lauréats pour apporter une forme de soutien" au prix, fondé en 1984, a-t-il affirmé. À la tête d'une liste sans étiquette, Louis Aliot a ravi Perpignan au maire sortant LR en juin, faisant de cette ville la plus grosse prise municipale du RN.

B.P. avec AFP