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Les Profs et L'Élève Ducobu font (aussi) leur rentrée

Extraits des couvertures des Profs et de L’Élève Ducobu

Extraits des couvertures des Profs et de L’Élève Ducobu - Bamboo/2017 / Le Lombard/2017

Retour sur l'histoire des Profs et de L'Élève Ducobu, qui reviennent avec pléthore de nouveautés.

Ils ont fait le bonheur des lecteurs du Journal de Mickey avant de connaître le succès en librairie et au cinéma: L'Élève Ducobu et Les Profs sont de retour.

Pour son 25ème anniversaire, le cancre créé par Zidrou et Godi reprend du service pour un 23e album intitulé Profession: Tricheur et un spin-off consacré à Léonie Gratin, sa voisine première de classe.

Les Profs d’Erroc et de Simon Léturgie (Pica, le dessinateur historique de la série, a rangé ses crayons) reviennent quant à eux avec deux albums: Note to be, paru en septembre, et Lycée Boulard, première histoire longue de la série dont la sortie est prévue pour novembre. 

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- © Zidrou Godi Le Lombard 2017

L’Élève Ducobu

Ducobu est né accidentellement le 2 septembre 1992. "C’était un bouche-trou dans Tremplin, un magazine qui se vendait par abonnement dans les milieux scolaires en Belgique", se souvient Zidrou, le scénariste de la série. A l'époque, la série ne s'appelait pas encore Ducobu, mais Copieur. Le nom "Ducobu" est une "private joke", explique Zidrou: 

"Quand mon grand-père venait nous visiter, il rapportait à mes parents des nouvelles de leur petite ville natale de Boussu en Belgique. Plusieurs noms revenaient, dont celui de Ducobu. C'est un nom est assez courant là-bas. Avec les enfants de ma famille, ça nous a inspiré des private jokes. Et j’ai commencé à l’époque à donner à plein de personnages différents le nom de famille Ducobu. Ducobu, c’est son nom de famille. Souvent, quand les professeurs sont fâchés contre un élève, ils ne l’appellent pas par son prénom, mais par son nom de famille."

Quand Zidrou écrit des gags de Ducobu, il observe quelques règles. Ducobu, par exemple, n’aura jamais un comportement "humainement moche", dit Zidrou. "On croit toujours que Ducobu est un anti-héro. Ce n’est pas le cas", corrige-t-il. "C’est un héros. Il est très courageux. Il ose dire tout haut ce que les autres élèves pensent tout bas - ce qui fait qu’il est très intelligent, mais comme il est dans un système scolaire archaïque, celui de la fin du XIXe, il est en échec".

L’époque à laquelle se déroule Ducobu n’est pas définie car "l’objet n’est pas de coller à l’actualité et à la réalité, mais de divertir", explique Zidrou. Le nouvel album, Profession: Tricheur, traite pourtant de l'actualité directe. Dans un gag, il s’insurge contre les terroristes qui empêchent les filles de se rendre à l’école en Afghanistan: "Les filles à l’école, les terroristes à la casserole". Zidrou se défend d’avoir voulu créer des histoires à portée éducative: "Derrière mes histoires, comme dans toute narration, il y a des sujets graves, mais on est dans un registre divertissant. Je ne cherche à éduquer personne". 

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- © Bamboo 2017

Les Profs

Le monde des Profs est lui aussi figé dans un présent perpétuel. Les personnages évoluent, mais personne ne change pas physiquement. "C'est une des aberrations de la série que les lecteurs ne me reprochent pas", rigole Erroc, le scénariste et créateur des Profs. "Je ne parle pas de l’actualité immédiate, parce que ça vieillit mal. Par contre, on a souvent parlé de politique, de grèves dans les lycées et de terrorisme". Apparu à la fin des années 1990 dans Le Journal de Mickey, Les Profs sont nés en réaction à Ducobu:

"Il y avait alors pas mal de BD avec des enfants: Ducobu, Cédric, le Petit Spirou, Titeuf… D’où l’idée d’un lycée. Au départ, je voulais très peu d'élèves. Je pensais situer l’action dans une salle des profs, mais, graphiquement, cela aurait été très pauvre."

Lors de son lancement, la série a suscité des réactions très contrastées: "Certains nous a dit qu’on se moquait des profs, d’autres nous ont dit que les profs étaient des fainéants et qu’il ne fallait pas hésiter à leur rentrer dedans", explique Erroc. "Cela n’a jamais été notre intention. On voulait que les personnages soient caricaturaux, mais sympas". Pour créer sa série, il s’est inspiré d'un lycée proche de chez lui et de ses voisins, de jeunes profs qu’il interroge toujours pour comprendre l'évolution de leur métier.

Pour peupler cet univers impitoyable, Erroc a utilisé des stéréotypes: le prof en fin de carrière, le jeune qui débute… Certains personnages ont changé de nom, d'autres ne sont jamais réapparus. "Il y a des profs que je préfère à d’autres. Et il y en a des plus intéressants que d’autres", concède Erroc. "Il y en a que je n’utilise plus, parce que je ne sais pas quoi en faire". C’est le cas, par exemple, du prof de Géo qui arrivait toujours en cours avec une rame sur l’épaule après avoir traversé l’Amérique Latine.

Près de vingt ans après les débuts de la série, Erroc explique que l’écriture des gags est "moins spontanée, plus réfléchie". "Si je pense que je tourne en rond, je pourrais arrêter Les Profs", affirme-t-il. Il y a un personnage dont Erroc ne s’est pas encore lassé et qui continue de l’inspirer: le cancre Boulard, personnage culte joué par Kev Adams au cinéma et héros depuis peu d'un spin-off: "Grâce à la série parallèle, il a beaucoup évolué. Il a pris du caractère". En effet: en novembre, Erroc dévoilera la première histoire longue des Profs. Intitulé Lycée Boulard, le célèbre cancre y deviendra … proviseur.

Jérôme Lachasse