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La série Lost disparaît des écrans, les questions demeurent

Les créateurs de la série Lost, Carlton Cuse (à gauche) et Damon Lindelof. Après six saisons de mystères, la série télévisée a fait ses adieux à ses fans dimanche soir avec un double épisode marqué par le retour de personnages disparus, une lutte épique a

Les créateurs de la série Lost, Carlton Cuse (à gauche) et Damon Lindelof. Après six saisons de mystères, la série télévisée a fait ses adieux à ses fans dimanche soir avec un double épisode marqué par le retour de personnages disparus, une lutte épique a - -

par Ashleigh Patterson TORONTO - Après six saisons de mystères, la série télévisée Lost a fait dimanche soir ses adieux à ses fans avec un double...

par Ashleigh Patterson

TORONTO (Reuters) - Après six saisons de mystères, la série télévisée Lost a fait dimanche soir ses adieux à ses fans avec un double épisode marqué par le retour de personnages disparus, une lutte épique au sommet et des questions toujours sans réponses.

Le 114e et dernier épisode, intitulé The End, était programmé dimanche soir, horaire inhabituel correspondant à l'addiction suscitée par ce phénomène télévisuel des années 2000.

A son apparition sur l'antenne d'ABC, en septembre 2004, inspirée par les émissions de téléréalité de type Survivor ou Koh-Lanta en France, Lost s'attache aux aventures des 48 survivants du vol Oceanic 815 qu'une catastrophe aérienne précipite sur une île mystérieuse.

Dès les premiers épisodes, la présence d'ours polaires en milieu tropical et une inquiétante colonne de fumée noire qui se déplace entre les palmiers fixe le contexte surnaturel de la série.

Au fil des saisons, les scénaristes et producteurs Damon Lindelof et Carlton Cuse multiplient les pistes, explorent les ressources de leurs personnages, en font apparaître d'autres et touchent des thématiques religieuses, philosophiques autour du Bien et du Mal, du destin et du libre-arbitre, et scientifiques (l'île est parcourue de phénomènes électromagnétiques).

La série innove aussi par ses procédés narratifs: aux flashbacks classiques qui replongent les personnages dans leur passé, ils y ajoutent des flashforwards (sauts dans l'avenir) puis, dans la sixième et dernière saison, des flashsideways, une réalité alternative dans laquelle l'avion ne se serait pas écrasé.

NOTE: A ce stade de la dépêche, prévenons que ce qui suit contient des éléments de nature à trahir le suspense et conseillons à celles et ceux qui aimeraient le préserver de ne pas poursuivre leur lecture.

La sixième et dernière saison s'était ouverte sur la destruction en 1977 par l'explosion d'une bombe à hydrogène du Cygne, une base en construction.

La saison est construite autour de deux réalités: dans la première, l'explosion n'a pas eu l'effet cherché par les survivants et ils sont toujours bloqués sur l'île. Dans l'autre au contraire, l'avenir a été modifié et le vol Oceanic 815 ne s'est pas écrasé.

Le dernier épisode diffusé dimanche met en scène l'affrontement final entre Jack et Locke/L'Homme en noir qui se disputent Desmond, un personnage capable de résister à l'énergie électromagnétique.

Parallèlement, dans l'autre réalité, celle où l'avion ne s'est pas écrasé, la belle Kate, Sayid, Charlie et les autres survivants font l'expérience de flashbacks les ramenant dans l'île et se rendent compte que des liens inextricables les unissent.

Mais les fans ne trouveront pas toutes les réponses, et c'était attendu tant la série a multiplié les pistes et les questions.

"Nous voulons que nos spectateurs aient la chance de 'digérer' cette série et de parvenir à leurs propres conclusions. Nous pensons qu'il aurait été incroyablement présomptueux de notre part mais aussi frustrant pour eux de leur asséner un finale du genre 'ce que vous pensez est faux, parce que voici ce que Damon et Carlton disent'", expliquait du reste Carlton Cuse dans une interview diffusée le 16 mai par le New York Times.

Lost, ajoutait-il, présente une "ambiguïté intentionnelle" et offre de "l'espace pour le débat et la controverse".

On ne saura donc rien sur les origines de l'île ni de la lumière qui scintille en son coeur, rien ne sera dit non plus sur l'impossibilité pour les femmes d'accoucher sur l'île et la signification de la série de chiffres qui obsèdent tout Lostmaniaque normalement constitué reste entièrement accessible à l'imaginaire des spectateurs.

"La quête de vérité aura sans doute été plus palpitante que sa révélation", écrit Isabelle Poitte, spécialiste des séries, dans l'hebdomadaire français Télérama.

Au fil de sa diffusion, la série qui avait trôné au tout début parmi les programmes les plus regardés, a perdu en route une partie de ses spectateurs mais sa dernière saison, aux Etats-Unis, a tourné autour d'une honorable audience hebdomadaire moyenne de 11 millions que la chaîne ABC s'ingénie déjà à retenir.

Elle a décroché 58 récompenses diverses, dont des Golden Globes et des Emmys. Programmée dans 220 pays, elle a aussi généré une intense activité sur internet. Où le débat, à n'en pas douter, va se poursuivre.

Avec Jill Serjeant à Los Angeles, Henri-Pierre André pour le service français