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La recette d'un bon livre d'été

Photo d'illustration

Photo d'illustration - Mychele Daniau - AFP

Le livre que vous avez acheté en vue de vos vacances n'est pas arrivé par hasard sur la table de votre libraire.

C'est celui qu'on retrouve légèrement ondulé par l'humidité, des grains de sable dans la tranche, la couverture cornée. Celui qu'on a glissé dans un sac de plage, de randonnée, pour lire dans un hamac ou dans le train des vacances. Mais au fait, comment est-il arrivé là, ce livre que vous avez choisi chez votre libraire? La recette se base sur quelques étapes incontournables: il faut...

Du romanesque...

"Contrairement à ce qu'on pense, les Français lisent et le meilleur moment pour lire, c'est l'été", lance en préambule Florence Lottin, des éditions Pygmalion – dont la maison-mère est Flammarion. Pygmalion, c'est justement un éditeur d'ouvrages légers – romans, histoires d'amour, aventure –, qui se vendent notamment au printemps pour être glissés dans les valises des vacanciers. "Pour l'été, deux grands genres émergent: le feel-good et le polar. Les gens veulent du romanesque, de l'évasion. Ce sont ces genres qui vont être poussés pour l’été", précise l'éditrice. Les autres domaines – thèmes de société, biographies, essais – sont poussés à un autre moment de l'année.

… Mais pas seulement

  • Plus généralement, c'est la littérature qui remporte l'attrait du public pour l'été. Des exceptions confirment la règle: les éditions Les Arènes, par exemple, ne publient aucun ouvrage de littérature mais ne comptent pas passer à côté de l'été pour autant: le 4 juillet dernier, l’éditeur a sorti un livre sur l’hypnose dans l’espoir qu’il devienne un livre d’été sur un sujet "concernant".

Outre cette sortie exceptionnelle, l’éditeur mise sur l’un de ses gros succès de l’année: La vie secrète des arbres, qui a déjà très bien fonctionné l’été passé. C’est d’ailleurs souvent le cas: "on nous réclame l’été les livres qui se sont bien vendus le reste de l’année", explique Vincent, libraire à la librairie du Parc dans le XIXe arrondissement de Paris, "il n’y a pas de règle fixe". La légèreté n'est donc pas incontournable: si vous avez envie d’emporter avec vous Le lambeau de Philippe Lançon pour le lire sur la plage, sachez que vous ne serez pas seul.

 Des auteurs "valeurs sûres"

Les auteurs de prédilection des Français, en tête des ventes, sont des noms familiers: Guillaume Musso, Marc Lévy ou encore Franck Thilliez. Bref, des auteurs déjà connus - même si l’été réserve parfois des surprises. Mais "lorsque les gens prennent le temps de lire, ils ont leur rendez-vous annuel, ils vont vers la valeur sûre", selon Florence Lottin. On retrouve "une majorité de lectrices" pour les deux premiers, le policier est plus partagé entre hommes et femmes.

 Un format léger

Qui dit vacances dit bagages, et… format de poche. Sans surprise, ce sont ceux qui se vendent le plus l'été. Chez l'éditeur de livres de poche J'ai lu, l'opération d'été est la plus importante de l'année. Les libraires profitent souvent des opérations de type "un poche acheté, un poche offert" pour attirer le client. Mais cela n'empêche pas la qualité: dans la librairie du Parc, impossible de ne pas remarquer l’étal conçu par Folio pour proposer l’ensemble de la saga napolitaine d’Elena Ferrante. Un feuilleton dont le succès a été fulgurant, et à qui le format de poche offrira certainement une seconde, troisième voire une quatrième vie, avec la sortie du dernier tome cette année.

 Une bonne stratégie éditoriale

Avant d’atterrir sur la table d’un libraire, le livre est d’abord passé dans les mains de l'éditeur. C'est là que sa stratégie de vente a été définie: ce livre peut-il se vendre l'été? Si la réponse est positive, il sera sorti au plus tard au début du printemps: "il y a très peu de grands formats qui sortent en mai-juin, parce qu'il y a moins de monde pour les défendre et pour les lire. C'est plus difficile d’installer un auteur en plein mois de juillet", remarque Florence Lottin.

"Les grandes maisons publient en avril dans l'espoir que ça marche l'été", confirme-t-on chez XO. Les plus petites, elles, "poussent leurs titres toute l'année" parce qu'elles en publient moins. Charge ensuite aux libraires de décider, ou non, s'ils veulent suivre la stratégie proposée par l'éditeur. "Nous, on a beaucoup de touristes donc on s'adapte à eux plutôt que de jouer à fond la carte du livre de plage", explique Vincent, de la librairie du Parc. Le livre d'un été à Paris n'est pas forcément le même que celui d'un été à Biarritz.

Ariane Kujawski