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Culture

L'Île de la tentation : les candidats ont gagné

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La téléréalité, c'est un métier. Le principe du candidat-salarié vient d'être confirmé par les Prud'hommes pour une vingtaine d'anciens participants à l'Île de la tentation. Le début de la fin pour la téléréalité ?

Un salaire et des dommages-intérêts : c'est ce qu'obtiennent 24 anciens candidats de l'Île de la tentation, l'émission de téléréalité diffusée sur TF1. Le conseil des prud'hommes de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) leur a donné gain de cause mardi 7 avril. Les conseillers ont estimé que le contrat passé avec la production était un contrat de travail comme celui de n'importe quel salarié. Les candidats-salariés ont ainsi obtenu un peu plus de 800 euros au titre des salaires non versés et 100 à 500 euros de dommages-intérêts.

« Ils leur confisquaient même leurs passeports »

On est loin des 400 000 euros réclamés par leur avocat, Maître Jérémie Assous, satisfait malgré tout de ce jugement qui prouve que ces candidats ont « bel et bien travaillé » : « Les tentateurs et même les membres d'un couple étaient à l'entière disposition du producteur ; ils ne pouvaient pas vaquer librement à leurs occupations sur place, puisqu'ils étaient obligés de respecter tous les ordres et toutes les directives imposés par la production. Ils ne pouvaient pas sortir du tournage. Ils ont même été jusqu'à admettre qu'ils leur confisquaient les passeports. »

Bientôt « une action en masse » ?

Aujourd'hui, tous les anciens candidats de la téléréalité pourraient aller en justice pour exiger d'être requalifié en salarié. Et Maître Assous d'ajouter : « L'Île de la Tentation, c'est 15 millions d'euros de profit par saison. La téléréalité, toutes émissions confondues, a rapporté aux producteurs et aux télédiffuseurs plus de 1200 millions d'euros. Donc qu'il y ait maintenant une action en masse n'a rien d'anormal. Quelles que soient les condamnations, ça sera très inférieur au profit qu'ils en ont retiré. Et ce ne sera pas pour autant la fin de la téléréalité ; ça sera juste de la téléréalité où on éteint les caméras à minuit, comme un tournage. »

Qui dit candidat-salarié, dit télé pas très « réalité »...

Depuis son arrivée il y a 8 ans sur les écrans, la téléréalité a connu d'énormes succès. Les émissions se sont multipliées : L'Île de la tentation, Koh Lanta, le Bachelor, Secret Story... La liste est longue et les participants se comptent par centaines. Alors, si la Cour de Cassation, qui doit se prononcer fin avril sur ce type de cas, confirme l'arrêt de la Cour d'Appel de Paris qui a donné raison en février 2008 à 3 participants de l'Île de la tentation, cela pourrait faire jurisprudence. Et ceux qui jusqu'à aujourd'hui sont des candidats, pourraient exiger la requalification de leur prestation en contrat de travail et donc obtenir un salaire. Le principe du candidat-salarié validé, tout participant à une émission de téléréalité serait alors officiellement reconnu comme étant acteur. Ce qui remettrait donc sérieusement en doute la télé dite de « réalité »...

La rédaction, avec Alice Desgorces et Véronique Verdin