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Grand Prix BD d'Angoulême: l'absence de femmes dans la sélection fait polémique

A Angoulême, en janvier 2015. La sélection des auteurs pour le Grand Prix fait parler d'elle, en raison de l'absence d'hommes.

A Angoulême, en janvier 2015. La sélection des auteurs pour le Grand Prix fait parler d'elle, en raison de l'absence d'hommes. - Pierre Duffour - AFP

Un collectif de dessinatrices dénonce l'absence de femmes dans la sélection du Grand Prix du festival de bande dessinée d'Angoulême. L'organisation, elle, se défend de tout sexisme.

Où sont les femmes? Alors que le festival de Bande dessinée d'Angoulême a mis en ligne mardi la sélection d'auteurs nommés pour le Grand Prix, qui vient couronner l'ensemble d'une carrière, nombreux sont ceux et celles à qui un détail d'importance n'a pas échappé: pas une femme ne figure dans la sélection.

De quoi agacer un grand nombre de dessinatrices. Nombre d'entre elles ont réagi sur les réseaux sociaux, par des dessins ou des tweets, avec le hashtag #WomenDoBD.

Un collectif appelle à boycotter le Grand Prix

Le collectif des créatrices de bandes dessinées contre le sexisme, créé en 2015, a lui aussi réagi, en appelant au boycott du Grand Prix, désigné par les auteurs.

"Nous nous élevons contre cette discrimination évidente, cette négation totale de notre représentativité dans un médium qui compte de plus en plus de femmes", écrivent ses membres. Et de rappeler que "depuis 43 ans, Florence Cestac est la seule femme à avoir reçu cette distinction".

"L'année dernière déjà, il y avait quelques femmes dans la sélection et ça râlait pas mal dans le milieu car on estimait que les femmes étaient sous-représentées", explique la dessinatrice Gally à BFMTV.com. "J'étais la première à venir argumenter contre cette idée. Pour moi, le grand prix d'Angoulême récompense un auteur tout au long de sa vie artistique, une 'carrière' en quelque sorte. Et historiquement, les hommes sont clairement majoritaires en la matière".

Mais cette année, l'absence totale de femmes a déplu à Gally. "Aucune femme, rien, nada. Comme si elles n'existaient pas ou ne produisaient aucun contenu de qualité". Elle relève également que dans la sélection figurent "des auteurs relativement jeunes, qui sont loin d'en avoir fini avec la bande dessinée".

On pense par exemple à Riad Sattouf, auteur de L'Arabe du futur et lauréat du Fauve d'or à Angoulême l'an dernier. Le dessinateur n'a pas été insensible à la polémique: mardi sur Facebook, il a demandé à être "retiré de cette liste". Elle "ne comprend que des hommes. Cela me gêne, car il y a beaucoup de grandes artistes qui mériteraient d'y être". Il demande à réintégrer la liste "le jour où elle sera plus paritaire".

Le festival dénonce "un très mauvais procès"

"Je reconnais le bon fond de Riad Sattouf, mais céder sa place n'en fera pas automatiquement gagner une à une femme", réagit le délégué général du festival, Franck Bondoux, qui dénonce "un très mauvais procès":

"On parle d'un prix qui couronne un ou une auteur pour l'ensemble de son œuvre. Et objectivement, les femmes sont arrivées bien plus tard que les hommes dans la BD (…) C'est la réalité, et on ne peut pas tordre cette réalité".

En attendant, le festival a invité "officieusement" le collectif des créatrices à dresser la liste de femmes susceptibles d'être éligibles au Grand Prix. "Dans les suggestions, je n'ai pas vu la liste de 5 ou 10 noms incontournables", ajoute Franck Bondoux.

Le délégué général du festival appelle désormais à "prendre de la hauteur", en remémore les "nombreuses" actions du festival pour les auteures via des concours, des expositions et d'autres prix - comme la sélection officielle pour le Fauve d'or, qui couronnera l'album de l'année. Selon ses dires, environs 30% des auteurs sélectionnés cette année sont des femmes.

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV