BFMTV
Culture

"En trois jours, j'ai plié bagage": comment Laurent Hilaire a quitté le ballet qu'il dirigeait à Moscou

Le danseur et chorégraphe Laurent Hilaire, ex-directeur de la troupe de ballet du Théâtre Stanislavski à Moscou a démissionné en février dernier, en raison de l'invasion russe de l'Ukraine. Il témoigne ce mardi sur BFMTV.

Laurent Hilaire a tout quitté en quelques jours. Il dirigeait jusqu'à février dernier le ballet du Théâtre Stanislavski à Moscou. Il a démissionné dès les premiers jours de l'invasion russe de l'Ukraine, et a quitté la Russie.

Cet ancien danseur étoile de l'Opéra de Paris vivait en Russie depuis 2017. Il raconte sur BFMTV comment il a vécu l'attaque de l'Ukraine par les forces russes.

"C'est plutôt un choc, parce que je n'y croyais pas. (...) Je ne pouvais pas imaginer que ça pouvait se produire au XXIe siècle, une chose pareille."

"En trois jours, j'ai plié bagage"

Il s'est alors interrogé sur sa "responsabilité morale, de citoyen et aussi par rapport à la compagnie, par rapport aux danseurs", et a finalement décidé de démissionner.

"En trois jours, j'ai plié bagage, j'ai quitté mon appartement, vidé mon bureau... Le plus difficile c'est de prendre la décision", livre-t-il.

Il se dit surtout inquiet pour le monde de la culture. "Il faudra des années pour renouer ce lien de confiance entre le monde de la culture et la Russie", prédit-il. "Cela va être très difficile, dans les années qui viennent, pour la culture là-bas. Parce que, forcément, tout ce qui vient de l'étranger, c'est terminé."

"Les jeunes n'ont connu que Poutine"

Interrogé sur l'état d'esprit en Russie, Laurent Hilaire estime que le pays n'est pas "coupé du monde". "Les danseurs [par exemple] sont extrêmement connectés sur les réseaux sociaux, un peu moins maintenant, vu ce qu'il se passe. Mais ils savent ce qui se passe dans le monde".

"Les jeunes qui ont 20 ans n'ont connu que Poutine comme président. Donc il y a une expèce d'acceptation par non choix", explique-t-il.

Laurent Hilaire explique également que le chef d'orchestre Valery Gergiev, proche de Poutine et directeur musical du Théâtre Mariinsky va aussi maintenant chapeauter le Bolchoï.

"Il y a une espèce de main-mise sur la culture" en Russie.

Le chorégraphe estime cependant qu'il est difficile de demander aux artiste de prendre position. "Comment demander à des artistes de se positionner politiquement, alors qu'ils ne l'ont jamais fait", souligne-t-il ajoutant "Condamner les artistes, ce n'est pas une bonne solution".

Magali Rangin