BFMTV
Culture

En Bretagne, un artiste sillonne les routes en armure

L'artiste performeur Abraham Poincheval sillonne la campagne bretonne à pied avec une armure médiévale le 9 juillet 2018 à Carnoët.

L'artiste performeur Abraham Poincheval sillonne la campagne bretonne à pied avec une armure médiévale le 9 juillet 2018 à Carnoët. - Fred TANNEAU, AFP

Son armure pèse près de 30 kilos. Mais pour ce périple, l'artiste a décidé de repousser ses limites physiques.

Armure médiévale et téléphone portable, un chevalier du 21e siècle sur les routes de Bretagne. Cette performance physique et artistique est celle de l'artiste Abraham Poincheval, qui a décidé de sillonner la campagne bretonne à pied sous un soleil de plomb.

Le long de la D97 en direction de Carnoët, dans les Côtes-d'Armor, l'artiste de 45 ans fait ralentir les automobilistes. C'est parfois intrigués et amusés qu'ils tentent un coup de klaxon, ce à quoi l'artiste répond par un salut de la main.

"Les gens sont sidérés. Pour eux, c'est de l'ordre du mirage, de l'apparition. Je suis un fantôme qui arpente les routes."

Le vacarme des morceaux de ferraille qui s'entrechoquent effraie les animaux qu'il croise sur son chemin. Même les vaches et les chevaux dans les champs semblent intrigués par ce drôle de personnage.

 "Ce bruit crée un rythme, une sensation musicale. J'ai l'impression que toute une armée m'accompagne."

Son armure est lourde, elle pèse près de 30 kilos. Sillonner les routes n'est pas une partie de plaisir mais bien une performance, qui amuse cet artiste habitué des "expériences d'enfermement." 

"C'est toujours un sport pour moi de me redresser. Je donne beaucoup de moi. Avant cette aventure, j'aurais peut-être dû faire un entraînement physique", reconnaît Abraham Poincheval.

L'artiste ne fait pas cavalier seul

"Je laisse place à l'imprévu. C'est ce qui est beau et émouvant dans ce voyage. Je suis un chevalier sans cheval qui avance vers l'océan".

Courageux mais pas solitaire, son fidèle acolyte, Matthieu Verdeil, l'accompagne, chevauchant quant à lui un vélo. Le réalisateur capture chaque instant de son périple, dans l'optique d'en faire un film. "Je filme aussi tous les moments de rencontre avec la population".

Un périple de 120 kilomètres

Enfin arrivé à Carnoët, Abraham Poincheval se dirige vers le bar de la commune. Il entre et commande un diabolo menthe, tout en sortant un téléphone portable de son armure. Jusqu'ici hébergé par des âmes charitables, l'artiste n'a pas encore été contraint de dormir à la belle étoile. "Nous n'avons pas encore dormi dehors, mais ça viendra sans aucun doute".

Il reste 10 à 15 jours avant d'arriver à Brest. Lundi, Abraham Poincheval avait déjà parcouru 40 kilomètres, sur un objectif de 120.

L'artiste multiplie les expériences d'enfermement

Depuis plusieurs années, Abraham Poincheval multiplie les expériences d'enfermement. Il a déjà passé une semaine dans une statue d'homme-lion dans le parc du musée d'Aurignac, en juin 2018 en Haute-Garonne, huit jours dans un trou sous une pierre d'une tonne en 2017 et deux semaines à l'intérieur d'un ours naturalisé en 2015.

Il a aussi vécu une semaine sur une plateforme à 20 mètres au-dessus du sol, en 2016 devant la gare de Lyon, à Paris, "enfermé dans le vide". Il a traversé les Alpes-de-Haute-Provence en 2011 en poussant un cylindre de 70 kilos, qui était à la fois un abri et un appareil photo. En 2015 enfin, il a habité à bord d'une bouteille géante de six mètres de long, en remontant le Rhône.

N.Ga., avec AFP