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Culture

Double hommage à Jack Kerouac à Paris et sur la Croisette

Une exposition à Paris et un long métrage à Cannes rendent hommage à Jack Kerouac et à son roman "Sur la route", manifeste d'une Beat Generation, dont l'auteur est devenu la figure emblématique, mais à son corps défendant semble-t-il. /Photo prise le 15 m

Une exposition à Paris et un long métrage à Cannes rendent hommage à Jack Kerouac et à son roman "Sur la route", manifeste d'une Beat Generation, dont l'auteur est devenu la figure emblématique, mais à son corps défendant semble-t-il. /Photo prise le 15 m - -

par Wilfrid Exbrayat CANNES (Reuters) - Une exposition à Paris et un long métrage à Cannes rendent hommage à Jack Kerouac et à son roman "Sur la...

par Wilfrid Exbrayat

CANNES (Reuters) - Une exposition à Paris et un long métrage à Cannes rendent hommage à Jack Kerouac et à son roman "Sur la route", manifeste d'une Beat Generation, dont l'auteur est devenu la figure emblématique, mais à son corps défendant semble-t-il.

Le cinéaste brésilien Walter Salles revient sur la Croisette cette année présenter sa vision de l'oeuvre phare de l'écrivain aux lointaines ascendances bretonnes et le "buzz" cannois voit en son film, montré le 23 mai, le jour même de sa sortie en France, une possible Palme d'or.

Parallèlement, le Musée des lettres et manuscrits organise du 16 mai au 19 août l'exposition "Sur la route de Jack Kerouac. L'épopée de l'écrit à l'écran".

"Entre le 2 et le 22 avril 1951, Jack Kerouac écrit un roman de 125.000 mots sur un support papier de 36,50 mètres de long. Il a 29 ans", écrit Gérard Lhéritier, le fondateur du musée.

Entre 2004, lorsque Francis Ford Coppola, propriétaire des droits du livre, propose à Walter Salles de tirer un film du roman, et sa présentation sur la Croisette, huit ans se seront écoulés, tant le projet de mettre en images une oeuvre réputée inadaptable à l'écran peut paraître intimidant.

De fait, avant que Walter Salles ne relève le défi, Jean-Luc Godard ou Gus Van Sant n'auront pas donné suite.

"Sur la route" est néanmoins le type même d'histoire qu'épouse instinctivement le cinéaste qui n'en est pas à son premier "road movie", si l'on songe à "Terre lointaine" (1996), "Central do Brasil" (1998) et "Carnets de voyage" (2004), qui avait déjà été présenté à Cannes en compétition.

NON DIT MAIS RESSENTI

"Les road movies ne portent pas sur ce qui est dit mais sur ce qui doit être ressenti", explique Walter Salles, dans un entretien publié dans un hors série du magazine Trois Couleurs.

"La quête identitaire au cour de ces récits, l'improvisation qui les nourrit, le fait que les transformations de ces personnages en mouvement ne sont pas extérieures mais intérieures, l'imprévisibilité des histoires et des tournages, tout cela explique ma fascination pour cette forme de cinéma".

Toutefois, en 2004, Salles ne se sent pas tout à fait prêt et il préfère tourner dans un premier temps un documentaire, inédit, "Looking for 'On the Road'", pour se faire une meilleure idée du matériau littéraire sur lequel il devra travailler.

Matériau éparpillé entre plusieurs versions de l'ouvre, dont le rouleau original, vendu aux enchères en 2001 par Christies, que le musée expose pour la première fois en France.

"Le rouleau, à l'écriture rythmée et foisonnante, est exposé telle une longue route américaine autour de laquelle défilent des paysages : paysage de la vie de Kerouac, paysage de son amour pour la littérature, paysage de ses rencontres, paysage de la réalisation du film», rappelle le commissaire de l'exposition, Estelle Gaudry.

DÉVORÉ PAR UN CHIEN

Jack Kerouac (1922-1969), qui avait déjà publié un premier texte sans grand éclat, écrit "Sur la route" d'une traite en 1951, collant bout à bout les feuilles en un énorme rouleau. Mais le roman lui-même ne sera publié, expurgé, qu'en 1957.

Un demi-siècle plus tard, la version originale est éditée aux Etats-Unis et trois ans après en France. Cette version originale est inachevée, Potschky, le chien facétieux de Lucien Carr, autre figure de la Beat Generation, en ayant dévoré le dernier mètre.

Un autre problème de taille à régler pour Walter Salles était de constituer le casting adéquat. Kirsten Dunst (vue dans "Virgin Suicides", "Marie-Antoinette", "Melancholia") fut la première choisie. Elle interprète Carolyn Cassady, alias Camille dans le roman, l'épouse du compagnon de route de Jack Kerouac.

Garrett Hedlund joue Neal Cassady, alias Dean Moriarty, Sam Riley, Jack Kerouac (Sal Paradise) et Kristen Stewart, Luanne Henderson (Marylou), première épouse de Neal Cassady dont elle restera la maîtresse.

Le musée expose le fac-similé d'une lettre écrite par Jack Kerouac invitant Marlon Brando à acquérir les droits du livre pour en faire une adaptation filmée. L'intéressé déclinera la proposition. Brad Pitt fut également un moment pressenti.

"Sur la route" en son temps divise la critique mais est célébré par le public, succès qui fait de Kerouac, bien malgré lui, le porte-drapeau de la Beat Generation, expression popularisée en 1952 par un article du New York Times signé John Clellon Holmes, proche de Kerouac.

"Il supportait très mal la notoriété ; il était devenu lui malgré lui le chantre de la Beat Generation alors qu'il ne se reconnaissait pas dans ce mouvement", a dit à Reuters Gaëlle Cueff, chargée des relations de presse de l'exposition.

Edité par Gilles Trequesser