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Culture

Chirac et le Quai Branly

Jacques Chirac à l'inauguration du musée du quai Branly en 2006.

Jacques Chirac à l'inauguration du musée du quai Branly en 2006. - AFP

Jouant souvent avec sa fausse image de président inculte, Jacques Chirac s'est finalement imposé avec les années comme un amoureux éclairé des arts d'Asie, d'Océanie et d'Afrique.

On le sait bien maintenant, Jacques Chirac, qui vient de s'éteindre le 26 septembre à l'âge de 86 ans, était un érudit caché. Sa fille, rapportait ainsi une anecdote de Françoise Giroud: "D'habitude, les hommes lisent Playboy ou Lui caché derrière un ouvrage de poésie. Chirac, lui, lit un livre de poésie caché derrière un Playboy", expliquait-elle.

Jouant souvent avec sa fausse image de président inculte, Jacques Chirac s'est finalement imposé avec les années comme un amoureux éclairé des arts d'Asie, d'Océanie et d'Afrique, signalant même certaines pièces aux responsables du Quai Branly.

S'enrichir de la culture des autres continents

Passionné par les arts premiers et les civilisations lointaines, il avait ainsi voulu et porté le Musée du Quai Branly, pour défendre les cultures et les peuples menacés par la mondialisation. "Jacques Chirac a décidé de façon très précoce, de s'enrichir de la culture des autres continents, des autres civilisations, et des autres humanités", explique à RMC l'ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon. 

"La première révélation publique de sa passion pour les civilisations lointaines remonte à 1986, lors de la saison Tokyo à Paris, avec du kabuki à Mogador, des expositions sur la céramique japonaise à Cernuschi et du sumo à Bercy, expliquait-il également à Télérama, à l'occasion de l'exposition organisée en 2006 pour les dix ans du musée.

Réalisation culturelle majeure de sa présidence, ce musée - rebaptisé pour ses dix ans en juin 2016 "Quai Branly-Jacques Chirac" - a permis à Jacques Chirac de s'inscrire dans la lignée de ses prédécesseurs. Georges Pompidou a eu le Centre Pompidou), Valéry Giscard d'Estaing (musée d'Orsay) et François Mitterrand (le Grand Louvre).

Lancé dès son installation à l'Elysée en 1995, le projet architectural et muséographique du Quai Branly a été suivi de près à toutes ses étapes par Jacques Chirac qui s'est rendu à plusieurs reprises sur un chantier lui tenant "particulièrement à coeur".

"Des peuples brutalisés"

"Il était nécessaire d'imaginer un lieu original qui rende justice à l'infinie diversité des cultures, un lieu qui manifeste un autre regard sur le génie des peuples et des civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques", avait-il dit en inaugurant le musée installé en bord de Seine dans un bâtiment conçu par l'architecte Jean Nouvel.

Il s'agit aussi pour la France de rendre hommage à des "peuples brutalisés, exterminés par des conquérants avides et brutaux", des "peuples aujourd'hui encore souvent marginalisés, fragilisés, menacés par l'avancée inexorable de la modernité", avait-il ajouté.

"Diversité infinie des cultures"

"Tel est aussi l'enjeu de ce musée. Dresser, face à l'emprise terne et menaçante de l'uniformité, la diversité infinie des cultures et des arts", avait lancé Jacques Chirac.

Le Quai Branly a franchi la barre des quinze millions de visiteurs depuis son ouverture. Le principal bâtiment domine un jardin de 18.000 m2 conçu par le paysagiste Gilles Clément. 

C'est aussi dans ce musée, si cher à son coeur, que Jacques Chirac est apparu pour la dernière fois en public, en novembre 2014. Très affaibli, il était venu avec François Hollande, alors président de la République, qui remettait le prix de la fondation de l’ancien chef d’Etat au docteur Denis Mukwege, engagé aux côtés des femmes violées en République démocratique du Congo.

Magali Rangin avec AFP