BFMTV
Culture

Centenaire de la bataille de Verdun: l'enfer en chiffres

La bataille de Verdun résume à elle seule l'horreur de la Première Guerre mondiale. Les chiffres froids et implacables s'y rapportant donnent la mesure du déluge de fer et de feu qu'ont subi les combattants.

Depuis la mort en 2008 de Lazare Ponticelli, le dernier poilu, la mémoire de la Bataille de Verdun se transmet par les livres, documents, reliques et la parole des historiens. Alors que le centenaire de cette "boucherie" va être commémoré ce dimanche 21 février, il est difficile de se représenter ce qu'a vraiment été cet enfer. Les chiffres restent impuissants à rendre compte des souffrances que les soldats français et allemands ont dû endurer. Mais il en donne la mesure. Ou comment la folie guerrière a entretenu les rancoeurs nationalistes qui ont conduit à la Seconde Guerre mondiale, avant de finalement devenir un symbole de l'amitié franco-allemande.

> 7 mètres partis en poussière

C'est l'épaisseur perdue par la côte 304, petite colline au nord-ouest de Verdun et symbole de l'âpreté des combats. Cette hauteur revêtait une importance stratégique car elle donnait un point de vue idéal sur le champ de bataille avec les villages de Malancourt et Hautcourt au nord et la vallée de l'Esne au sud. Quelque 10.000 poilus y ont perdu la vie sur le relief sur lequel les "feldgrau" (référence à la tenue vert-de-gris portée par les soldats allemands), se sont acharnés.

> 300 jours et nuits de combats

Verdun s'est éternisé pendant presque une année. C'est la plus longue bataille de la Grande guerre. L'offensive initiée par les Allemands devait leur permettre de porter un coup décisif à l'ennemi. Avant qu'il ne s'agisse, selon les mots du général Erich von Falkenhayn, de "saigner à blanc l'armée française". Une stratégie difficilement compréhensible pour ses soldats qui auront finalement autant souffert que les poilus.

> 300.000 tués ou disparus

Le chiffre de 700.000 victimes est souvent avancé et confondu avec le nombre de morts. Il s'agit en réalité du nombre total de victimes de guerre, qui prend aussi en compte les blessés. En réalité, la bataille a fait 163.000 morts ou disparus du côté français et 143.000 du côté allemand. Un peu moins que la population niçoise aujourd'hui.

Morts ou disparus auxquels il faut ajouter 215.000 blessés français et 196.000 allemands.

> 2 millions de combattants

"Dans l'inconscient français, toutes les familles ont quelqu'un qui a fait Verdun. Même si c'était ailleurs. Même si c'était dans la Somme, sur le front d'Orient, où il y avait aussi une guerre de tranchées. Ils ont fait Verdun", a expliqué Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'État chargé des Anciens combattants et de la Mémoire qui sera présent le 21 février pour lancer l'année de commémorations.

De fait, les trois quarts de l'armée française, par la stratégie dite du tourniquet mise en place par Pétain, 1,5 million d'hommes (jusqu'à 2,5 millions selon les sources) ont mis à un moment ou un autre, côté français, les pieds dans ce sanglant bourbier. Deux millions de personnes, c'est un peu moins que la population de Paris intra-muros.

> 50 millions d'obus tirés

Jamais un tel déluge de feu et de fer ne s'était abattu sur une si petite superficie. La partie centrale du champ de bataille, "zone rouge impropre à toute culture" et encore truffée "d'engins non encore éclatés", ne représente que 911 hectares (soit 9,11 km²). 

Les Français disposaient de 1.800 pièces d'artillerie contre 2.200 pour les Allemands. Elles ont tiré entre 50 millions et 60 millions d'obus de tout calibre, aucune estimation plus précise n'étant disponible. Pour la seule journée du 21 février 1916, les Allemands ont tiré quelque 2 millions d'obus.