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Cannes: Von Trier crée une ambiance de fin du monde et dérape

A Cannes, Lars Von Trier entouré de Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg, héroïnes de son "Melancholia", film apocalytique d'une qualité cinématographique époustouflante. Le cinéaste danois a fait forte impression à Cannes, mais s'est une nouvelle fois l

A Cannes, Lars Von Trier entouré de Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg, héroïnes de son "Melancholia", film apocalytique d'une qualité cinématographique époustouflante. Le cinéaste danois a fait forte impression à Cannes, mais s'est une nouvelle fois l - -

CANNES (Reuters) - "Melancholia" était, avec "L'Arbre de Vie" de Terrence Malick, l'un des films les plus attendus de ce 64e Festival de Cannes...

CANNES (Reuters) - "Melancholia" était, avec "L'Arbre de Vie" de Terrence Malick, l'un des films les plus attendus de ce 64e Festival de Cannes et son réalisateur, le Danois Lars Von Trier, a livré de fait une oeuvre ambitieuse.

Le réalisateur danois a cependant suscité le malaise en confiant aux journalistes, sur le ton de la plaisanterie, qu'il était un "nazi".

L'"enfant terrible" du cinéma, 55 ans, était de retour mercredi à Cannes deux ans après avoir livré "Antichrist", film controversé réalisé au sortir d'une période dépressive.

Melancholia est le nom d'une planète qui va entrer irrémédiablement en collision avec la Terre.

Perspective qui n'effraye absolument pas Justine (Kirsten Dunst), dont les noces viennent tout juste d'avoir lieu mais qui se sont révélées calamiteuses.

La mère de Justine (Charlotte Rampling) joue la révoltée contre l'institution du mariage en plein repas, tandis que son père (John Hurt), le personnage le plus sympathique de tous, fait des blagues stupides.

Claire (Charlotte Gainsbourg), la soeur de Justine, qui avait tout arrangé pour que les épousailles soient une réussite, en prend son parti puisque de toute façon c'est la fin du monde.

Mais au contraire de Justine, que le futur Armageddon rend beaucoup plus sereine que son mariage, Claire n'arrive pas à se résigner à la catastrophe finale.

Venu très souvent défendre ses oeuvre à Cannes, et lauréat de la Palme d'or en 2000 avec "Dancer in the Dark", Lars von Trier peut parfois tenir des propos autodestructeurs.

ESTHÉTIQUE

Il lui a donc été demandé s'il aimait son film. "J'en ai vu des morceaux, des clichés et j'ai eu un peu de rejet, donc je ne sais pas. C'est peut-être à ch... J'espère bien sûr qu'il n'en est rien mais il se peut fort bien que ce ne soit pas regardable", a-t-il répondu.

Comme toujours dans un film de Lars Von Trier, l'esthétique tient une place de choix dans "Melancholia". Le travail purement cinématographique est une nouvelle fois d'une beauté stupéfiante et place "Melancholia" à l'égal de "L'Arbre de Vie" et, bien plus avant, de "2001 l'Odyssée de l'espace", de Stanley Kubrick.

Ce qui risque de poser bien des soucis au jury présidé par Robert de Niro pour décider du lauréat de la Palme d'or. A moins que ses déclarations fracassantes n'aient définitivement disqualifié Lars Von Trier.

Cela étant, pour le cinéaste danois, le thème du film n'est pas la fin du monde. "C'est un film sur un état d'esprit, a-t-il argué. J'ai moi-même traversé des moments de mélancolie dans ma vie et il était donc évident de l'évoquer."

Lars Von Trier est revenu dans le registre de la provocation à l'occasion de la dernière question qui lui fut posée lors de la conférence de presse, à savoir si "Melancholia" était sa réponse aux "blockbusters" hollywoodiens et s'il pouvait faire un film qui soit encore plus ample.

"Oui, nous les nazis (...) avons tendance à tenter de faire les choses en grand. Vous pouvez toujours essayer de me convaincre", a-t-il dit.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Yves Clarisse