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Culture

Cannes: une édition 2011 mémorable quoi qu'il en soit

A la veille de la clôture du Festival de Cannes, "Le Havre", du Finlandais Aki Kaurismäki, qui arrive en tête du classement de la critique internationale. /Photo prise le 17 mai 2011/ REUTERS/Vincent Kessler

A la veille de la clôture du Festival de Cannes, "Le Havre", du Finlandais Aki Kaurismäki, qui arrive en tête du classement de la critique internationale. /Photo prise le 17 mai 2011/ REUTERS/Vincent Kessler - -

CANNES (Reuters) - Le 64e Festival de Cannes restera dans les mémoires non seulement par la grande qualité de sa sélection, mais aussi pour des...

CANNES (Reuters) - Le 64e Festival de Cannes restera dans les mémoires non seulement par la grande qualité de sa sélection, mais aussi pour des motifs qui ne sont pas proprement liés au septième art.

Les événements récents attestent que le Festival n'est pas à l'abri des convulsions de la planète.

L'an passé, les éléments s'étaient déchaînés juste avant son ouverture. Un film - "Hors la loi", de Rachid Bouchareb - avait fait l'objet d'une polémique dès avant sa projection. Un cinéaste invité, l'Iranien Jafar Panahi, n'avait pu venir car incarcéré dans son pays.

Jafar Panahi n'a toujours pas fait son apparition sur la Croisette cette année. Mais au moins son film, ainsi que celui de son compatriote Mohammad Rasoulof qui se trouve dans la même situation, ont fait le voyage cannois.

On parlait cette année au moins autant de l'affaire Dominique Strauss-Kahn que des films projetés dans les couloirs du Palais des Festivals.

Il y eut enfin l'exclusion de Lars Von Trier, prononcée par le conseil d'administration du Festival à trois jours de la clôture.

Cette exclusion, qui n'a pas de précédent, est intervenue en raison des propos "intolérables" tenus par l'enfant terrible et prodige du cinéma lors de la conférence de presse qui a suivi la projection de son film "Melancholia" mercredi.

Les déclarations de Lars Von Trier, qui relèvent de la "bêtise", selon l'expression du président du Festival Gilles Jacob, lui ont valu d'être considéré "persona non grata", au moins pour cette année.

Surtout, cette décision de bannir un cinéaste qui avait remporté la Palme d'or en 2000 avec "Dancer in the Dark" fera "jurisprudence". Autant dire que les invités de Cannes sont invités à ne pas abuser de leur penchant à la provocation, ce qui en pratique ne devrait pas concerner grand monde.

Mais l'incident a suffi à gâcher en partie le plaisir d'un millésime qui suscitait de grandes espérances et qui a, dans l'ensemble, bien rempli son contrat.

"LE HAVRE" ET "L'ARBRE DE VIE"

De grands noms, pour certains déjà "palmés", étaient au rendez-vous, tels les frères Jean-Pierre et Luc Dardenne, Pedro Almodovar, Lars Von Trier, Aki Kaurismäki et Nanni Moretti.

La liste était déjà si bien fournie qu'une autre pointure, l'Américain Gus Van Sant (Palme d'or en 2003 avec "Elephant") se contentait de faire l'ouverture de la section officielle non compétitive Un Certain Regard.

Surtout, le tant attendu "L'Arbre de Vie", qu'on espérait déjà pour le Festival de 2010, était enfin là, seul représentant en compétition des Etats-Unis, dont la présence globale était toutefois nettement plus perceptible que l'an passé.

Oeuvre ambitieuse et de toute beauté de Terrence Malick, un cinéaste paré d'un statut proche du mythe, le film a divisé la critique, ce qui était toutefois largement prévisible.

La compétition comportait un ovni, et avait été présenté comme tel par le délégué général Thierry Frémaux, "Pater", du Français Alain Cavalier.

Cet exercice d'Art et Essai à deux voix, Alain Cavalier et Vincent Lindon, a plu à beaucoup et en a laissé froid autant.

Il n'est pas le plus mal noté par la critique internationale, suivant les appréciations de 10 critiques, dont un Français, rassemblées par la revue Screen.

Ce douteux privilège a été réservé à un autre film français: "L'Apollonide: souvenirs de la maison close", de Bertrand Bonello. Le désamour, voire l'indifférence qu'a suscité le long métrage, était palpable à l'issue de la projection.

C'est "Le Havre", du Finlandais Aki Kaurismäki, qui arrive en tête du classement de la critique internationale, suivi de près par "Le gamin au vélo", des frères Dardenne, puis, à égalité, de "L'Arbre de Vie" et de "The Artist", comédie muette en noir et blanc du Français Michel Hazanavicius.

L'édition quotidienne de Screen s'arrêtait jeudi. Pour savoir ce que pensait la critique nationale, il fallait consulter la revue professionnelle Le Film Français, parue elle jusqu'à la fin de la manifestation.

"L'Arbre de Vie" arrive là en tête, suivi de "The Artist" et de "Polisse", de Maïwenn.

Comme toujours, les préférences de la presse ne préjugent en rien des choix qu'annoncera le jury présidé par Robert de Niro dimanche soir.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet