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Culture

Cannes: une comédie intello autour du Talmud en compétition

Le réalisateur israélien Joseph Cedar (3e en partant de la gauche) et les acteurs de son film "Footnote" (traduction littérale : note de bas de page). Ce long-métrage, une comédie au fond cruel, retrace également l'histoire d'une rivalité entre un père et

Le réalisateur israélien Joseph Cedar (3e en partant de la gauche) et les acteurs de son film "Footnote" (traduction littérale : note de bas de page). Ce long-métrage, une comédie au fond cruel, retrace également l'histoire d'une rivalité entre un père et - -

par Wilfrid Exbrayat CANNES (Reuters) - Les coups bas et les traîtrises ne sont pas la chasse gardée des mafias, des partis politiques et des grandes...

par Wilfrid Exbrayat

CANNES (Reuters) - Les coups bas et les traîtrises ne sont pas la chasse gardée des mafias, des partis politiques et des grandes entreprises.

Le monde de l'esprit et de la culture a aussi ses intrigues que le cinéaste israélien Joseph Cedar s'emploie à mettre en lumière.

"Footnote" (traduction littérale : note de bas de page), film projeté samedi à Cannes où il est en compétition, reste une comédie mais dont le fond est cruel, comme c'est souvent le cas. C'est aussi une histoire entre père et fils.

Le premier - Eliezer Shkolnik (Shlomo Bar Aba) - est un philologue, spécialiste du Talmud, florilège de textes relatifs à la tradition orale de la Torah, ou Pentateuque, qui rassemble les cinq premiers livres de l'Ancien Testament.

Malheureusement, son érudition ne lui a pas permis d'accéder à la notoriété, ni même à la reconnaissance officielle de ses pairs, à la différence de son fils Uriel (Lior Ashkenazi) qui, dès le début, est adopté par la communauté des chercheurs.

Tout juste Eliezer est-il lui référencé dans une note de bas de page de l'ouvrage d'un autre érudit.

Cette situation crée une incompréhension certaine entre les deux hommes, d'autant que le père considère comme largement imméritée la faveur dont jouit son fils et ne se privera pas de le faire savoir lors d'un entretien avec une jeune journaliste.

La tension latente père/fils contribue à alourdir l'atmosphère générale au sein de la famille Shkolnik et le conflit se répercute sur les générations suivantes, en l'espèce sur les rapports qu'entretient Uriel avec son épouse et son fils.

HOMONYMIE

Un jour, Eliezer apprend qu'enfin il est reconnu à sa juste valeur car on lui annonce qu'il lui sera attribué le Prix d'Israël, une distinction authentique qui récompense chaque année des personnes ou organisations dans les domaines artistique, culturel ou scientifique.

Sauf qu'il y a une petite erreur d'homonymie.

L'imbroglio qui en résultera achèvera de gâter définitivement la relation entre les Shkolnik père et fils.

"A la question 'pourquoi la concurrence académique est-elle si vicieuse, Henry Kissinger aurait répondu: parce que les enjeux sont petits'", rappelle Joseph Cedar dans les notes de production.

"Mon film c'est un peu tout ça: une note de bas de page sur de petits enjeux", ajoute-t-il.

Joseph Cedar fut remarqué pour " Beaufort ", son troisième long métrage qui relatait la chronique intense des instants vécus par des soldats israéliens dans le poste de surveillance éponyme.

Le film obtint l'Ours d'argent du Festival de Berlin en 2007 et fut nommé à l'Oscar du meilleur film étranger l'année suivante.

Ce cinéaste témoigne de la vitalité d'un cinéma israélien qui s'est souvent invité sur la Croisette dans les années 2000 en la personne de son homologue de la génération précédente, Amos Gitai.

"Footnote" est une comédie plaisante, rare, au vu du sujet, et enlevée quoique parfois confuse. Elle est en lice pour la Palme d'or du 64e Festival de Cannes.

Edité par Patrick Vignal