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Culture

Cannes: "The Housemaid", classique coréen remis au goût du jour

Le cinéaste coréen Im Sang-soo présente à Cannes sa version d'un classique, "The Housemaid", dont l'original, tourné en 1960 par Kim Ki-young, a été récemment restauré. /Photo prise le 14 mai 2010/REUTERS/Yves Herman

Le cinéaste coréen Im Sang-soo présente à Cannes sa version d'un classique, "The Housemaid", dont l'original, tourné en 1960 par Kim Ki-young, a été récemment restauré. /Photo prise le 14 mai 2010/REUTERS/Yves Herman - -

CANNES - Une sombre histoire d'adultère et d'amours ancillaires, remaniée au goût du jour, marquait vendredi l'entrée en lice de la Corée dans la...

CANNES (Reuters) - Une sombre histoire d'adultère et d'amours ancillaires, remaniée au goût du jour, marquait vendredi l'entrée en lice de la Corée dans la compétition du 63e Festival de Cannes.

En réalisant "The Housemaid", le cinéaste coréen Im Sang-soo s'est attaqué à forte partie, le film original, tourné en 1960 par Kim Ki-young et récemment restauré, étant considéré comme un classique.

Le film original avait une forte connotation sociale. Comme son "remake".

Les deux longs métrages partagent le même argument, une servante mise enceinte par le patron de la maisonnée.

Le patron de la servante était un professeur de piano en 1960. Celui de 2010 est un riche parvenu, qui partage toutefois avec son prédécesseur l'aptitude de jouer bien du piano.

Le film de Kim Ki-young, en noir et blanc, était tourné essentiellement dans des intérieurs sans charme, étroits, d'où suintait une claustrophobie malsaine.

Im Sang-soo, dont c'est la première apparition en compétition à Cannes, réussit le tour de force de créer la même ambiance mais dans une maison gigantesque, aux pièces multiples, antre d'un homme puissant, riche et séduisant, amoureux de musique classique et des vins, régnant sur un véritable gynécée.

"Il n'était pas question que je fasse exactement le même film mais (celui de Kim Ki-young), à l'époque, reflétait très bien la société coréenne et je souhaitais que mon film reflète lui aussi la société coréenne contemporaine", a expliqué le réalisateur coréen en conférence de presse.

"LE MOINS ENNUYEUX"

La différence de contexte la plus notable entre les deux versions de "The Housemaid" est économique, témoin d'un développement qui a favorisé l'éclosion de nouveaux riches.

Les hommes paraissent dominer cette société dans les deux cas, mais s'ils sont les déclencheurs des événements, ce sont les femmes qui se chargent d'en dénouer les conséquences, en coulisses, et de manière brutale.

"On dit souvent que lorsque je fais des films, je fais aussi de la sociologie, j'aime bien entendre ça et ça me plaît", a plaisanté le cinéaste. "Jusqu'ici, mes films étaient beaucoup plus axés sur la société et l'histoire de la Corée. Je souhaitais traiter un sujet plus universel, susceptible de toucher davantage le public à l'étranger", a-t-il ajouté.

C'est l'actrice Jeon Do-youn qui interprète, avec un talent sans limite, la servante de 2010. Elle n'est pas une inconnue à Cannes. Elle avait remporté le Prix d'interprétation féminine en 2007 avec "Secret Sunshine", réalisé par Lee Chang-dong.

Ce cinéaste coréen revient lui-même en compétition cette année avec "Poetry", qui sera projeté mercredi prochain.

Jeon Do-youn s'était retirée des écrans deux années durant, pour des raisons personnelles.

Lors de la conférence de presse, un journaliste coréen a rappelé à Im Sang-soo qu'il avait déclaré à la presse locale, avant de venir sur la Croisette, que "son film serait le moins ennuyeux de toute la sélection officielle cannoise".

Im Sang-soo n'a pas démenti, se contentant de déclarer : "Est-ce que c'était un propos exagéré ou pas? Vous verrez bien par vous-mêmes!".

"The Housemaid" sortira sur les écrans le 15 septembre.

Wilfrid Exbrayat, édité par Sophie Louet