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Culture

Cannes: Sorrentino se lance dans l'aventure américaine

Le réalisateur italien Paolo Sorrentino (à gauche) met en scène Sean Penn, président du jury qui l'avait récompensé en 2008 pour "Il Divo", dans son dernier opus présenté à Cannes vendredi. "This Must Be the Place", dans lequel Penn campe une ex-rock star

Le réalisateur italien Paolo Sorrentino (à gauche) met en scène Sean Penn, président du jury qui l'avait récompensé en 2008 pour "Il Divo", dans son dernier opus présenté à Cannes vendredi. "This Must Be the Place", dans lequel Penn campe une ex-rock star - -

par Wilfrid Exbrayat CANNES (Reuters) - Remarqué sur la Croisette il y a trois ans par son portrait de l'homme politique italien Giulio Andreotti,...

par Wilfrid Exbrayat

CANNES (Reuters) - Remarqué sur la Croisette il y a trois ans par son portrait de l'homme politique italien Giulio Andreotti, Paolo Sorrentino affronte à nouveau le jury cannois avec "This Must Be the Place", un film où il tente l'aventure américaine.

"Il Divo" reçut en 2008 le Prix du Jury en 2008, présidé cette année-là par l'acteur américain Sean Penn.

"This Must Be the Place", titre tiré d'une chanson des Talking Heads, est le fruit de leur rencontre à cette occasion.

Projeté vendredi matin à Cannes, le film défend les espoirs de Palme d'or du cinéaste italien, le deuxième en compétition cette année avec Nanni Moretti.

Sean Penn a un rôle mineur dans "L'Arbre de Vie", film de Terrence Malick également en compétition.

Bien plus présent dans celui de Paolo Sorrentino, il interprète Cheyenne, ex-rock star style "gothique" vivant de ses rentes à Dublin, à la voix faussée et traînante et à la démarche de petit vieux. Un personnage inspiré de Robert Smith, le chanteur du groupe The Cure.

"Paolo et moi avons parlé assez longuement de l'impact d'une dépression sur le physique de quelqu'un", a déclaré Sean Penn en conférence de presse.

Pour Sean Penn, Paolo Sorrentino "est l'un des grands maîtres de la mise en scène de notre époque. Il continuera longtemps à créer un cinéma original qui ne cessera de nous inspirer, nous les acteurs."

"C'est un peu comme s'il jouait du piano et que moi j'étais là pour tourner les pages", a-t-il souligné.

La mort de son père, à qui il n'a pas parlé depuis trente ans, fait revenir le chanteur à New York puis s'embarquer dans un voyage à travers les Etats-Unis pour retrouver un ancien nazi, donnant à la deuxième partie du long métrage le style d'un "road movie".

RELATION PÈRE-FILS

La lumière douce et les lieux aux couleurs un peu passées de l'Irlande laissent alors place à d'immenses étendues désertiques aux ciels d'un bleu éclatant constellé de nuages immaculés.

Paolo Sorrentino, l'un des habitués du Festival, n'a pas été très disert face à la presse sur le choix du sujet de son film.

Dans les notes de production, on apprend qu'il a été frappé par le contraste entre le passé des criminels de guerre nazis et l'image de Monsieur-tout-le-monde donnée par certains de ceux ayant réussi à échapper aux tribunaux.

Voulant apporter une touche d'ironie à ce qui reste une histoire dramatique dans son fond, Paolo Sorrentino et son scénariste ont choisi de donner au traqueur de nazis l'apparence la plus invraisemblable, celle de la rock star.

Paolo Sorrentino se défend d'avoir voulu faire un film avec l'Holocauste en toile de fond. "Le point central du film est plutôt un autre élément : l'absence - qui, par définition s'accompagne toujours de la présence - de relation entre père et fils ", écrit-il dans les notes de production.

La relation père-fils, troublée ou inexistante, est l'un des thèmes de plusieurs des films en compétition cette année, comme "Le gamin au vélo", des frères Dardenne, où le père interprété par Jérémy Rénier rejette un fils qu'il ne se sent pas capable d'élever. "Footnote", de l'Israélien Joseph Cedar, raconte, lui, une rivalité de générations sur fond d'études talmudiques.

Le film de Paolo Sorrentino a rencontré un certain succès auprès de la presse. Certains journalistes le verraient même bien remporter la Palme d'or.

Edité par Patrick Vignal