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Culture

Cannes: retour nostalgique au temps du muet, avec "The Artist"

Jean Dujardin et Bérénice Béjo, qui incarnent les deux personnages principaux du film "The Artist", réalisé par Michel Hazanavicius (à droite). Cette comédie romantique en noir et blanc et muette, en lice pour la Palme d'or, a été présentée dimanche matin

Jean Dujardin et Bérénice Béjo, qui incarnent les deux personnages principaux du film "The Artist", réalisé par Michel Hazanavicius (à droite). Cette comédie romantique en noir et blanc et muette, en lice pour la Palme d'or, a été présentée dimanche matin - -

CANNES (Reuters) - Symbole de l'éclectisme qui semble être devenu l'une des lignes de force du Festival de Cannes, et de cette 64e édition en...

CANNES (Reuters) - Symbole de l'éclectisme qui semble être devenu l'une des lignes de force du Festival de Cannes, et de cette 64e édition en particulier, "The Artist" est venu dimanche matin briguer la Palme d'or, paré de son statut unique de comédie romantique en noir et blanc et ... muette.

A la fin des années 20, le cinéma muet connaît son apogée et George Valentin (Jean Dujardin) en est l'une des grandes stars hollywoodiennes.

Rien ne semble devoir troubler sa réussite, si ce n'est l'arrivée du parlant.

Elle causera sa ruine, alors qu'elle propulsera au contraire la starlette Peppy Miller (Bérénice Béjo) au firmament. Mais pour Peppy, amoureuse de George, tout ne sera pas perdu pour lui.

"The Artist", tourné précisément à Hollywood, et même dans l'enceinte de certains grands studios de cinéma, fait penser à "Chantons sous la pluie", film de Stanley Donen de 1952.

L'argument des deux films est le même: la révolution du cinéma parlant, qui fut synonyme aussi de catastrophe pour un grand nombre de vedettes du muet.

Le personnage masculin interprété par Jean Dujardin est un grand nom du cinéma silencieux comme l'était celui de Gene Kelly. Bérénice Béjo joue une aspirante comédienne tout comme Debbie Reynolds. "Chantons sous la pluie" était une comédie musicale avec force numéros de danse fabuleux. "The Artist" se conclut sur un numéro de claquettes de George et Peppy.

Michel Hazanavicius réunit une fois de plus le duo Dujardin-Béjo qui brillait dans le premier de ses deux pastiches d'OSS 117, une série de films des années 60 qui passaient quelque peu pour être les " James Bond " du pauvre.

Le cinéaste français n'est pas le premier à tourner un film muet longtemps après que le cinéma fut devenu parlant. En 1976, l'humoriste Mel Brooks tournait "La dernière folie de Mel Brooks", campant un producteur qui tentait de se refaire en tournant précisément un "silent movie".

Pour autant, aucun des deux films n'a été une source d'inspiration, a affirmé Michel Hazanavicius. Les ressemblances avec "Chantons sous la pluie" sont plutôt apparues après coup, tandis que le film de Mel Brooks, qui prospectait une autre veine du cinéma muet, le burlesque, tenait plutôt du pastiche, a-t-il expliqué dimanche en conférence de presse.

Or, il n'était pas question de faire un pastiche, une parodie ou une caricature du cinéma muet; "c'était une volonté de départ", a-t-il dit.

"Très rapidement, j'ai eu le sentiment qu'une comédie, encore plus une comédie ironique, ne tiendrait pas la route. Le film muet impose au spectateur une manière de vivre les films qui fait à mon avis qu'un mélodrame en général, et une histoire d'amour en particulier, est le genre qui collait le mieux".

Seule concession technique faite au genre particulier de ce long métrage, Michel Hazanavicius a tourné en 22 images par seconde, "ce qui donnait un très léger accéléré", au lieu des 24 à 25 qui sont la norme.

"A 20 images seconde, on se rendait compte qu'on tombait un peu dans le pastiche".

Le film, qui était d'abord présenté hors compétition avant de l'intégrer en cours de route, sortira en France le 19 octobre.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Jean-Loup, Fiévet