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Cannes: Pedro Almodovar joue au Dr Frankenstein

Pedro Almodovar (au centre), avec les acteurs de "La Piel que habito" Blanca Suarez, Jan Cornet, Marisa Paredes, Antonio Banderas et Elena Anaya (de gauche à droite). Avec cette variation sur les mythes de Prométhée et de Frankenstein, un thriller qui sce

Pedro Almodovar (au centre), avec les acteurs de "La Piel que habito" Blanca Suarez, Jan Cornet, Marisa Paredes, Antonio Banderas et Elena Anaya (de gauche à droite). Avec cette variation sur les mythes de Prométhée et de Frankenstein, un thriller qui sce - -

par Wilfrid Exbrayat CANNES (Reuters) - Pedro Almodovar propose une variation sur les mythes de Prométhée et de Frankenstein avec le thriller "La...

par Wilfrid Exbrayat

CANNES (Reuters) - Pedro Almodovar propose une variation sur les mythes de Prométhée et de Frankenstein avec le thriller "La Piel que habito", un genre que le cinéaste espagnol avoue privilégier actuellement.

Un jeune homme (Jan Cornet) viole, ou tente de violer, la fille du docteur Ledgard (Antonio Banderas). Celle-ci n'y survivra pas. Le docteur va retrouver le violeur et en faire sa créature.

L'électricité était le médium qui avait permis au docteur Frankenstein de donner vie à sa créature à l'époque où Mary Shelley écrivit son roman. De nos jours, l'oeuvre de recréation sera du ressort du génie génétique.

"La Piel que habito", littéralement "La peau que j'habite", est librement adapté d'un roman de Thierry Jonquet, dont Pedro Almodovar a confié qu'il n'avait conservé que peu de choses, en dehors du principe de la vengeance du personnage principal.

Le docteur procède à ses expériences dans une villa retirée. Sa mère (Marisa Paredes) - mais il ignore cette filiation - en est le cerbère.

Dans une chambre isolée, vit le fruit de ses travaux occultes sur la peau, désavoués par les comités d'éthique, et également l'objet de sa vengeance (Elena Anaya).

Il est aussi question d'un demi-frère en fuite, grandi dans la rue au Brésil et qui réapparaît de manière impromptue déguisé en tigre car à Madrid, c'est le temps du carnaval.

"Je voulais une famille sauvage, indépendante sur le plan moral et éduquée dans une tradition autre que celle du péché et du châtiment dans laquelle j'ai été élevé en Espagne", a déclaré Pedro Almodovar jeudi devant la presse.

DRÔLE ET SOMBRE

"La Piel que habito", qui permet à Almodovar de revenir une nouvelle fois à Cannes briguer une Palme d'or qui lui a toujours échappé, ne manque pas d'humour mais il s'inscrit dans la veine résolument sombre de son oeuvre.

Antonio Banderas, qui est apparu dans les tout premiers films d'Almodovar mais n'avait plus collaboré avec lui depuis "Attache-moi" (1989), interprète un personnage particulièrement dur et glacé, convenant bien à un thriller.

L'acteur des "Desperados" du cinéaste américain Robert Rodriguez a illustré à quel point il était redevable au cinéaste.

"Revenir à Almodovar, c'est revenir chez moi", a-t-il dit, ajoutant qu'il avait découvert avec le dernier film du maître espagnol toute une nouvelle génération d'acteurs. "On sent que notre cinéma a un avenir", a-t-il estimé.

Pedro Almodovar a confirmé pour sa part que le thriller était son nouveau genre de prédilection.

"Tout au long de ma vie personnelle et de cinéaste, j'ai suivi des genres différents; la comédie populaire, le mélodrame", a-t-il dit.

"Aujourd'hui, je fais plutôt dans le thriller, un genre qui permet d'accéder à tous les autres genres cinématographiques (...) et je pense que j'y reviendrai dans les films à venir", a-t-il ajouté, précisant qu'il avait d'abord eu à l'esprit de réaliser un film muet noir et blanc, à la manière de Fritz Lang.

A ce jour, "Tout sur ma mère" est le film qui a valu à Pedro Almodovar le plus de distinctions. Il remporta le Prix de la mise en scène à Cannes en 1999, ainsi que l'Oscar et le César du meilleur film étranger l'année suivante.

Edité par Patrick Vignal