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Cannes : "Moonrise Kingdom", Roméo et Juliette en culottes courtes

Wes Anderson est un cinéaste qui a son univers propre et une patte immédiatement reconnaissables, avec une propension au féérique. Son film "Moonrise Kingdom", présenté à Cannes, en est un révélateur, entre couleurs automnales de sous-bois, ambiances noct

Wes Anderson est un cinéaste qui a son univers propre et une patte immédiatement reconnaissables, avec une propension au féérique. Son film "Moonrise Kingdom", présenté à Cannes, en est un révélateur, entre couleurs automnales de sous-bois, ambiances noct - -

par Wilfrid Exbrayat CANNES (Reuters) - Que faire lorsque, au carrefour de l'enfance et de l'adolescence, on est incompris ? Une solution : la...

par Wilfrid Exbrayat

CANNES (Reuters) - Que faire lorsque, au carrefour de l'enfance et de l'adolescence, on est incompris ? Une solution : la fugue.

Suzy (Kara Hayward) et Sam (Jared Gilman) s'aiment d'amour tendre. Suzy n'en peut plus de sa famille, trois frères cadets, un père (Bill Murray) et une mère (Frances McDormand) juristes. La mère parfois use d'un mégaphone pour parler à la maisonnée. Ce n'est qu'un des nombreux éléments incongrus du film.

Sam n'a pas ce problème, il est orphelin. Mais le torchon brûle avec sa famille d'accueil où il multiplie les bêtises involontaires. Scout, il prend le parti de "démissionner" au grand dam du chef de la troupe (Edward Norton) et prend la poudre d'escampette, véritable Davy Crockett en miniature, avec sa dulcinée endimanchée d'une petite robe framboise.

C'est alors le branle-bas de combat dans cette île au large de la Nouvelle-Angleterre où chacun, familles et scouts passent cet été de 1965 pour retrouver les petits fugueurs qui suivent la piste des Indiens, alors qu'une violente tempête menace.

A l'instar d'un Tim Burton, Wes Anderson ("La famille Tenenbaum", "Fantastic Mr. Fox") est un cinéaste qui a son univers propre et une patte immédiatement reconnaissables.

Tous deux ont une propension au féérique et "Moonrise Kingdom" en est un révélateur, entre couleurs automnales de sous-bois, ambiances nocturnes pluvieuses et rêveuses et bâtiments aux rouges et blancs saturés.

"Moonrise Kingdom" est le récit - sous forme de comédie - d'une histoire peu ordinaire - la fuite et l'amour naissant de deux enfants - dans un environnement qui est, lui, banal mais parfois pittoresque et magnifié par la touche poétique d'un cinéaste réputé pour son amour du détail.

UN FILM LIVRE

Lorsque Suzy s'enfuit du domicile familial, elle emmène un bagage peu approprié à la fuite, une valise remplie de livres de contes de fée qu'elle récite à la veillée et un panier transportant un chaton.

"Le personnage joué par Kara emporte une valise et on s'est demandé ce qu'on pourrait y mettre. Finalement, on l'a remplie de livres et je me suis dit que le film pouvait être l'un de ces livres", a dit Wes Anderson mercredi, en conférence de presse.

Lorsque le générique de début apparaît sur l'écran, Wes Anderson filme les lieux de vie des protagonistes de telle manière qu'on croirait contempler une suite de maisons de poupée ou dérouler les pages d'un livre de contes pour enfants.

Le coup de foudre entre Suzy et Sam - remarquablement campés par deux acteurs enfants débutants - survient à l'occasion d'une représentation théâtrale nocturne où tous les enfants sont travestis en animaux de fortune. C'est une Suzy grimée en un corbeau, dans la loge des filles, que Sam rencontrera, scellant leur alliance occulte contre tout le reste du monde.

Dans toutes ces scènes, Wes Anderson aime ajouter le détail incongru et la musique, qu'elle soit de Benjamin Britten ou du compositeur français Alexandre Desplats, contribue puissamment à donner au film son atmosphère parfois surréelle.

Wes Anderson fait à Cannes ses premières armes dans la compétition et a le privilège d'ouvrir ce 65e Festival de Cannes. C'est la première des six entrées nord-américaines qui visent le trophée.

Si l'on compte les films de Ken Loach et de Walter Salles, au total huit longs métrages sur 22 en compétition sont de langue anglaise, ce qui marque un retour en force du cinéma anglophone sur la Croisette.

"Moonrise Kingdom" est sorti mercredi en France.

Edité par Gilles Trequesser