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Culture

Cannes: le dernier film de Claude Miller projeté en clôture

Pour son dernier long métrage, Claude Miller aura choisi d'adapter François Mauriac et "Thérèse Desqueyroux" pour offrir à Audrey Tautou l'un de ses rôles les plus complexes. En hommage au cinéaste décédé en avril, le film a été projeté en clôture du Fest

Pour son dernier long métrage, Claude Miller aura choisi d'adapter François Mauriac et "Thérèse Desqueyroux" pour offrir à Audrey Tautou l'un de ses rôles les plus complexes. En hommage au cinéaste décédé en avril, le film a été projeté en clôture du Fest - -

par Wilfrid Exbrayat CANNES (Reuters) - Pour son dernier long métrage, Claude Miller aura choisi d'adapter François Mauriac, jetant son dévolu,...

par Wilfrid Exbrayat

CANNES (Reuters) - Pour son dernier long métrage, Claude Miller aura choisi d'adapter François Mauriac, jetant son dévolu, après Georges Franju un demi-siècle plus tôt, sur "Thérèse Desqueyroux" pour offrir à Audrey Tautou l'un de ses rôles les plus complexes.

Le cinéaste, décédé en avril à l'âge de 70 ans, a reçu un hommage posthume du Festival de Cannes avec la projection, dimanche, de son film en clôture, juste avant l'annonce du palmarès.

Il fut l'assistant de réalisateurs aussi prestigieux que Marcel Carné, Robert Bresson, Jacques Demy ou Jean-Luc Godard. Claude Miller avait réalisé son premier long métrage, "La meilleure façon de marcher", en 1976. Il avait obtenu le Prix du Jury à Cannes en 1998 pour "La classe de neige".

Audrey Tautou interprète Thérèse et reprend ainsi le rôle que tenait en 1962 Emmanuelle Riva, qu'on a retrouvée cette année à Cannes dans "Amour", le film de l'Autrichien Michael Haneke, considéré par la critique comme un sérieux prétendant à la Palme d'Or.

Gilles Lellouche succède à Philippe Noiret, qui interprétait alors l'époux de Thérèse Desqueyroux.

"Aux yeux de mon mari, seul compte le fruit de mes entrailles", dit une Thérèse Desqueyroux enceinte de son époux, Bernard.

Toute l'intrigue est résumée dans cette réplique. Le mariage entre Bernard et Thérèse a été arrangé au nom d'intérêts économiques, en l'espèce réunir les pinèdes landaises dont les deux familles sont propriétaires.

Thérèse Desqueyroux, jeune femme que l'on dirait moderne, supporte mal la situation au point qu'elle en viendra à tenter d'empoisonner son époux à l'arsenic.

Sans succès. Mais, le poids des conventions aidant et pour sauver la face, mari et femme vont quand même décider de préparer une défense commune face à la justice.

"J'ai tout de suite senti évidemment que c'était un personnage qu'on ne m'avait jamais offert auparavant, enfin je veux dire un registre différent", a dit Audrey Tautou dimanche en conférence de presse.

"DANS LA PLUS GRANDE LÉGÈRETÉ"

L'actrice interprète en effet un personnage plus complexe qu'à l'accoutumée. Elle a souvent le visage dur, fermé, trahissant pourtant les troubles intérieurs nombreux qui agitent son personnage.

"J'ai essayé de ne pas avoir honte de montrer un visage laid, laid par les sentiments qu'elle peut ressentir", a-t-elle poursuivi, affichant pour ce personnage d'empoisonneuse une certaine compréhension.

"Ce qui me touche le plus, c'est le fait que, malgré sa violence intérieure et son désir de vivre autre chose, finalement elle se plie toujours au poids des conventions. Elle continue à subir cette éducation qui l'a marquée au fer rouge".

L'actrice s'est mise ainsi au diapason du cinéaste qui "avait envie d'avoir de la compassion pour tous les personnages de son film", a dit, lors de la même conférence de presse, Gilles Lellouche.

Claude Miller a pris quelques libertés avec le roman de François Mauriac. Il rend ainsi le mari plus sympathique qu'il ne l'est et suit une structure chronologique alors que le roman procédait par des retours en arrière.

"Aujourd'hui, la structure en flashback, c'est vraiment devenu la structure du téléfilm du samedi soir et cette histoire était parfaitement racontable linéairement. Elle en prenait d'autant plus de force. Elle permettait qu'on se sente plus proche de Thérèse", expliquait Claude Miller dans les notes de production.

Certains journalistes ont tout de même ressenti précisément l'impression de voir un téléfilm luxueux. A l'exemple du Hollywood Reporter qui écrit que le film a l'apparence soignée et un peu formelle d'un téléfilm ordinaire, lui reconnaissant toutefois une force dramatique et un héritage littéraire aptes à lui assurer un succès commercial hors de France, surtout grâce à la présence d'Audrey Tautou.

Pendant le tournage, Claude Miller devait effectuer des allers-retours quotidiens pour suivre un traitement, a expliqué Gilles Lellouche, soulignant le "courage extraordinaire" du cinéaste.

"Jamais, jamais on n'a eu le poids de cette maladie pendant le tournage ou sur l'humeur du tournage, sur l'équipe et surtout sur l'humeur de Claude lui-même (...) Bien au contraire, lui-même disait que c'était le film qu'il avait fait dans la plus grande légèreté".

Edité par Patrick Vignal