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Culture

Cannes: la rédemption par l'alcool, selon Ken Loach

Le réalisateur britannique Ken Loach a présenté mardi en compétition à Cannes son nouveau film, "La part des anges" (The Angels' Share), dont l'intrigue peut être résumée en une rédemption par le whisky. /Photo prise le 22 mai 2012/REUTERS/Eric Gaillard

Le réalisateur britannique Ken Loach a présenté mardi en compétition à Cannes son nouveau film, "La part des anges" (The Angels' Share), dont l'intrigue peut être résumée en une rédemption par le whisky. /Photo prise le 22 mai 2012/REUTERS/Eric Gaillard - -

PARIS (Reuters) - "La part des anges" (The Angels' Share) désigne la partie d'un alcool mis en fût qui disparaît par évaporation. C'est aussi le...

PARIS (Reuters) - "La part des anges" (The Angels' Share) désigne la partie d'un alcool mis en fût qui disparaît par évaporation.

C'est aussi le titre du film que Ken Loach a présenté en compétition mardi à Cannes et dont l'intrigue peut être résumée en une rédemption par le whisky.

Robbie (Paul Brannigan), un petit voyou toxicomane devenu malgré tout père, veut se ranger mais son passé de délinquant lui colle à la peau, d'autres petits truands voulant exercer sur lui leur vendetta.

Cette sous-intrigue, présente dans la première partie de cette comédie, est ensuite complètement abandonnée lorsqu'il se révèle que Robbie a un "nez" et un palais surdoués pour reconnaître les différents crus de whisky.

Accompagné d'une bande de bras cassés avec laquelle il s'est acoquiné, le jeune homme va monter pour le compte d'un collectionneur une arnaque à l'occasion de l'adjudication d'un "mill malt" (un whisky pur malt) divin. Robbie pourra ensuite mener sa vie avec femme et enfant, dont la fin du film laisse supposer qu'elle sera normale.

Cette fable autour du whisky a amené Loach à tourner à nouveau en Ecosse, et plus précisément à Glasgow, "une terre de solidarité, à l'écart de l'individualisme, même si les habitants y connaissent les mêmes difficultés qu'ailleurs", explique-t-il dans les notes de production.

Palme d'or en 2006 avec un film grave, "Le vent se lève", le gentleman cinéaste ne répugne pas non plus, ces dernières années, à tenter le rire et le sourire, même si son humour est souvent une politesse du désespoir.

LA TRAGÉDIE ET LE RIRE

Ce fut le cas en particulier avec "Looking for Eric", qui avait été montré à Cannes en 2009.

"Nous voulions partir d'une situation tout à fait tragique mais la présenter de telle façon qu'elle prête à rire et sourire", a expliqué Paul Laverty, le scénariste attitré de Ken Loach, en conférence de presse.

"Je pense que les comédies sont difficiles à filmer mais notre approche a précisément consisté à ne pas réaliser ce film comme si c'était une comédie", a dit Loach, de son côté. "Nous avons essayé simplement de présenter les personnages et l'histoire dans toute leur vérité."

Par certains aspects, "La part des anges" se rapproche de "Kes", un long métrage réalisé par Ken Loach en 1970 et qui décrivait comment un jeune garçon sort de son univers morose en apprenant la fauconnerie.

"La grande différence est que Billy Casper (le personnage du jeune garçon de 'Kes'-NDLR) vivait dans les années 60 et avait un travail. Robbie, en 2012 n'a pas de travail ; on voit comment les choses ont évolué", a rappelé Loach.

La version montrée à Cannes comportait des sous-titres non seulement français mais aussi anglais, l'accent écossais rendant parfois la compréhension de la langue malaisée.

Loach a admis que les sous-titres faisaient débat mais "lorsque le film sortira au Royaume-Uni, il n'y aura pas de sous-titres", a-t-il dit. "Les sous-titres cannois étaient pour les personnes n'étant pas de langue maternelle anglaise."

"Ce qui nous dérange davantage, c'est qu'au Royaume-Uni on a dû supprimer certains mots pour que le film reçoive l'autorisation de la censure", a précisé la productrice Rebecca O'Brien.

Edité par Yves Clarisse