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Culture

Cannes: Jeff Nichols rencontre Mark Twain

La compétition du 65e Festival de Cannes se termine sur un nouveau film américain, "Mud", troisième long métrage de Jeff Nichols, une belle histoire, entre autres, d'amitié et d'initiation. /Photo prise le 26 mai 2012/REUTERS/Eric Gaillard

La compétition du 65e Festival de Cannes se termine sur un nouveau film américain, "Mud", troisième long métrage de Jeff Nichols, une belle histoire, entre autres, d'amitié et d'initiation. /Photo prise le 26 mai 2012/REUTERS/Eric Gaillard - -

par Wilfrid Exbrayat CANNES (Reuters) - La compétition du 65e Festival de Cannes se termine sur un nouveau film américain, "Mud", troisième long...

par Wilfrid Exbrayat

CANNES (Reuters) - La compétition du 65e Festival de Cannes se termine sur un nouveau film américain, "Mud", troisième long métrage de Jeff Nichols ("Take Shelter"), belle histoire, entre autres, d'amitié et d'initiation, qui a su trouver son public.

Le film donne l'occasion d'apprécier une deuxième fois les talents d'acteur de Matthew McConaughey dans un personnage (Mud) de loup solitaire, un ermite qui pourtant ne désire rien moins que quitter l'îlot qui lui sert de refuge pour partir loin avec Juniper (Reese Witherspoon), son amour d'enfance.

Deux gamins de 14 ans, remarquablement interprétés par Jacob Lofland, tout nouveau venu, et Tye Sheridan, vu l'an passé dans "L'Arbre de Vie", de Terrence Malick, vont l'aider dans cette tâche.

Jeff Nichols s'attache surtout à la personnalité d'Ellis (Tye Sheridan), l'un des deux gamins. "Le film résonne au travers du personnage d'Ellis", a expliqué Jeff Nichols samedi, lors de la conférence de presse qui a suivi la projection du film.

C'est un gamin "qui a terriblement besoin de comprendre, tous les personnages sont vus au travers de ses yeux d'enfant et c'est ce qui m'a permis d'assurer la cohérence du film", a-t-il poursuivi.

"L'histoire tourne autour de ce garçon qui recherche désespérément un amour qui puisse s'épanouir. Tous les adultes qui l'entourent sont à cet égard de très mauvais exemples mais ça ne le déstabilise pas pour autant."

Au sortir de l'enfance et au seuil de l'adolescence, le kid devra tour à tour jouer le rôle de messager entre Mud et sa dulcinée, passer en douce à Mud de quoi réparer un bateau pour quitter l'îlot, affronter la violence physique des adultes ou d'autres jeunes, se confronter à des parents au bord de la rupture, et enfin céder aux émois amoureux bourgeonnants et à une première déception sentimentale.

"Il y a un fil rouge qui traverse ce film, c'est l'amour romantique évidemment", a dit Jeff Nichols. "Si on devait définir le film, on dirait qu'il s'agit d'aimer sans l'être en retour."

CENTRE VISUEL ET THÉMATIQUE

Mud, que McConaughey, définit comme étant un "rêveur" tient ainsi absolument à rejoindre Juniper quand bien même cela risque de lui coûter la liberté - il a tué un homme qui avait molesté Juniper - voire la vie, le père et le frère du dit malotru trépassé le recherchant aussi.

L'un des charmes du cinéma américain fait en dehors des studios est d'exploiter pleinement la grandeur et la variété des paysages du Nouveau Monde pour donner autre chose à voir que New York ou Los Angeles.

"Mud" se déroule quelque part en bordure du Mississippi, où vivent des communautés lacustres qui, laisse entendre Jeff Nichols, vont disparaître peu à peu.

"Nous avons dans le sud un mode de vie très agréable mais qui est en voie d'extinction", a-t-il affirmé. "Je voulais montrer un endroit qui bientôt n'existera sans doute plus. Il me semblait important de dépeindre ce mode de vie si particulier."

Comme le dit le père adoptif d'Ellis, les gens vivent ici soit pour travailler, soit pour se faire oublier, tel cet ex-tireur d'élite des marines interprété par l'acteur et dramaturge Sam Shepard, qui viendra prêter main forte à Mud le moment venu.

La nature dans ce qu'elle a de plus beau, ou de plus dangereux, en l'espèce des mocassins d'eau, est de fait un personnage à part entière de "Mud". Tout comme l'inspiration littéraire d'un certain Sud, celui de Mark Twain. "J'ai volé beaucoup de chose à Mark Twain", a avoué Jeff Nichols.

"Filmer sur le fleuve Mississippi m'a permis, comme Mark Twain, d'en ressentir toute la vitalité", explique-t-il par ailleurs, dans les notes de production. "Le fleuve a profondément marqué mon film, étant le centre visuel et thématique de cette histoire."

Wilfrid Exbrayat, édité par Jean-Baptiste Vey