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BD: trois pépites à découvrir à l’occasion du festival d’Angoulême

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Récit initiatique, drame social, reportage, SF… voici une sélection de BD à découvrir à l’occasion du festival d’Angoulême.

Deuxième rentrée littéraire de l’année, le mois de janvier coïncide avec le Festival de la Bande dessinée d’Angoulême. Récit initiatique, drame social, reportage, SF… Voici notre sélection de pépites à découvrir à cette occasion. 

  • Sur la route de West de Tillie Walden

Situé au Texas, Sur la route de West suit deux femmes hantées par un passé douloureux qui partent à la recherche d’une mystérieuse ville mentionnée sur aucune carte… On sort secoué par le sixième livre de cette jeune dessinatrice de 23 ans, qui n’a pas fini de nous surprendre. Tillie Walken, est une jeune prodige de la BD américaine, récompensée par un Eisner Award en 2018. Depuis une poignée d’années, elle livre une œuvre romantique, sensible et drôle, le plus souvent d’inspiration autobiographique. Dans Spinning (2017), son livre le plus connu, elle raconte sur fond de patinage artistique sa découverte de la sexualité et son coming out dans le Texas des années 2000. Après un passage par la SF (Dans un rayon de soleil, 2018), elle revient avec Sur la route de West. Elle y met son graphisme enlevé et tout en finesse au service d’un road trip intimiste à la frontière du fantastique.

  • Payer la terre de Joe Sacco

Pour Payer la Terre, Joe Sacco a enquêté sur le peuple des Dènès, installé dans le nord-ouest du Canada. Il y expose le déclin de cette population qui vivait en communion avec la nature et a tout perdu après la découverte sur ses terres de pétrole et de gaz de schiste et l’intervention du gouvernement canadien. Les conséquences ont été dramatiques sur les Dènés: sédentarisation, lavage de cerveau des enfants dans les pensionnats canadiens, alcoolisme, suicide… Un sujet complexe rendu passionnant par le trait précis et le sens de la mise en scène de Joe Sacco. Il faut aussi saluer les éditions Futuropolis, qui publient régulièrement des reportages BD offrant des clefs pour comprendre le réel, d’Etienne Davodeau (Cher pays de notre enfance) à de Luz (Catharsis). De Joe Sacco, journaliste et dessinateur, on connait les reportages en BD sur la Palestine (Palestine, Gaza 1956) et l’ex-Yougoslavie (Gorazde). Payer la Terre paraît six ans après son dernier livre (La Grande Guerre, le premier jour de la bataille de la Somme reconstitué heure par heure).

  • Mauvaise herbe de Keigo Shinzo

C’est le manga qui a bouleversé tous les fans du genre. Auteur connu pour ses tranches de vie et ses histoires courtes, le Japonais Keigo Shinzo livre avec sa nouvelle série Mauvaise herbe un drame social d’une grande justesse sur la précarité et la solitude dans la société japonaise. Mauvaise herbe met en scène le destin parallèle de deux âmes en peine. Il y a d’un côté Shiori, une jeune fille, qui pour fuir sa mère et ses excès de violence n’a pas d’autre choix que de faire appel sur les réseaux sociaux à des inconnus pour l’héberger. De l’autre côté il y a un vieux lieutenant, Yamada, qui semble reconnaître dans la fugueuse sa propre fille disparue. Aussi désespérés et seuls, l'un que l'autre, ils vont s’épauler dans cette histoire portée par un trait délicat où chaque case magnifie la solitude de ses personnages. 

À lire également 

Bolchoï Arena de Boulet et Aseyn est la parfaite fusion avec Lastman entre les BD japonaise et occidentale. Située dans un monde virtuel, l’histoire s’inscrit dans la lignée des œuvres des maîtres japonais Katsuhiro Otomo (Akira), Masamune Shirow (Ghost in the Shell) et Satoshi Kon (Paprika). Deux tomes sont disponibles.

Avec Sengo, Sansuke Yamada tisse un récit picaresque dans l’après-guerre au Japon avec deux soldats qui tentent de survivre dans un Tokyo détruit et occupé par l’armée américaine.

L’été à Kingdom Fields de Jon McNaught, dans un style très différent, met en scène les vacances un peu déprimantes d’une famille dans un camp de bungalows sur la côte britannique. Le trait délicat de Jon McNaught, qui aime représenter le quotidien pour l'habiller de mélancolique, illustre à merveille le temps perdu des vacances d'été de l'adolescence. 

Jérôme Lachasse