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Culture

Arman à Beaubourg, l'objet dans tous ses états

"Desert Bike, 1991" (à gauche) et "White Handless, 1987" du plasticien Arman exposés au Centre Pompidou, à Paris. Une rétrospective de l'oeuvre de l'artiste français, connu pour ses violons en lamelles et autres carcasses de fauteuils calcinés, est présen

"Desert Bike, 1991" (à gauche) et "White Handless, 1987" du plasticien Arman exposés au Centre Pompidou, à Paris. Une rétrospective de l'oeuvre de l'artiste français, connu pour ses violons en lamelles et autres carcasses de fauteuils calcinés, est présen - -

PARIS (Reuters) - Les constructions, destructions et transformations du plasticien Arman, connu pour ses violons en lamelles et autres carcasses de...

PARIS (Reuters) - Les constructions, destructions et transformations du plasticien Arman, connu pour ses violons en lamelles et autres carcasses de fauteuils calcinés, sont exposées à partir de mercredi au Centre Pompidou, à Paris.

D'étonnantes "colères", pour reprendre le titre d'une partie de ses oeuvres, à découvrir jusqu'au 10 janvier 2011.

En 120 oeuvres et sept parties non chronologiques, la rétrospective offre un spectre complet du parcours de l'artiste (1928-2005), figure du Nouveau réalisme, compagnon de Martial Raysse et d'Yves Klein, qui passa sa vie entre Vence, sur la Côte d'Azur, et New York.

"Arman est un visionnaire qui a renouvelé le langage artistique contemporain", a souligné mardi devant la presse Jean-Michel Bouhours, commissaire de l'exposition.

Le parcours est truffé de films et de "douches sonores" où l'on entend la voix chantante d'Arman parler de son obsession de la collection - des cailloux quand il était petit, puis des objets usuels - et de son intérêt pour les poubelles, dont il exposa le contenu à partir de 1959 comme autant de témoins d'une époque.

"Ordures au naturel" présente ainsi une série de bocaux où ont été entassés des détritus, élevés au rang de matière artistique.

ACCUMULATIONS

Obsédé par l'objet, Arman organise des accumulations de machines à écrire, de scies, de fers à repasser et autres escarpins dans une oeuvre appelée "Madison avenue".

Des accumulations qui rappellent "Hommage à la Révolution française", oeuvre constituée de 200 drapeaux de marbre blanc à hampe de bronze doré exposée dans le hall du palais de l'Elysée.

Arman accumule des morceaux d'automobiles trouvées aux usines Renault, découpe des instruments de musique, qu'il coule parfois dans de la résine à la manière d'un insecte pris dans l'ambre.

"Arman, ce ne sont pas seulement des objets, ce sont aussi des gestes, des manifestations", dit Jean-Michel Bouhours.

De fait, l'exposition présente un salon dévasté par l'artiste lors d'une "action" - il n'aimait pas le mot "performance" - réalisée en 1975 dans une galerie new-yorkaise, où il détruisit en direct à coups de hache et de masse un appartement de trois pièces.

La rétrospective se termine par une "catastrophe horizontale", salon constitué de meubles en bronze calcinés, qui voisine avec un hommage à Jackson Pollock, un tableau fait de tubes de peintures écrasés intitulé "Hello Jackson".

Pour cette exposition, les organisateurs ont dû composer avec les litiges qui opposent les héritiers d'Arman, qui s'est marié deux fois et a eu de nombreux enfants.

"J'aurais aimé que davantage d'oeuvres soient exposées mais je trouve que c'est superbe, c'est très fort", a dit à Reuters Corice Arman, la jeune veuve américaine de l'artiste.

Avec cette exposition Arman, Beaubourg espère attirer autant de monde que lors de deux récentes expositions à grand succès consacrées à Pierre Soulages (502.000 visiteurs) et Vassily Kandinsky (703.000).

Elizabeth Pineau, édité par Gilles Trequesser