Allure altière et un brin austère chez Yves Saint Laurent

par Pascale Denis

PARIS (Reuters) - Sous les lambris de l'hôtel Salomon de Rothschild, Stefano Pilati a livré lundi soir une collection Yves Saint Laurent au plus près des codes de la maison : élégance altière, sophistication un brin austère.

Toujours très attendu, pour une griffe qui reste aux yeux du monde entier synonyme de l'élégance française, le défilé estival a offert des coupes nerveuses dans une palette de blanc, de noir et de beige, fidèle au couturier disparu.

Les cheveux tirés et roulés sur la nuque, la femme Saint Laurent défile en tailleur blanc sans manche à peine gansé de noir, sur des sandales compensées or.

La sobriété des jupes au genou, légèrement évasées et à l'irréprochable tombé, est réveillée par des tops dévoilant le dos et les épaules dans des lignes graphiques.

Larges bretelles croisées, dos nus attachés par de grands noeuds plats habillent le buste de cette bourgeoise sophistiquée et très maîtrisée. Ce thème est largement repris dans des ensembles en coton gaufré, beige ou noir, faisant apparaître un bel effet de matière.

Un haut court de soie orangée, légèrement évasé et largement découpé dans le dos en un gracieux arrondi, apporte une touche de lumière et de sensualité.

Pour une allure chic et urbaine, les classiques du vestiaire Saint Laurent sont là : la chemise cravate réapparaît, mais parée d'un gigantesque noeud, les cabans au genou, finement ceinturés, arborent au col de vastes revers.

COMBINAISONS SEXY

Les combinaisons pantalon sont elles aussi essentielles. Noires ou blanches, sans manche, elles prennent des allures de smoking sexy grâce à de profonds décolletés en V. Plus sages, elles arborent de larges bretelles se croisant dans le dos.

"J'ai voulu faire des choses sexy et parfois un peu exotiques (...) J'ai voulu développer mon vocabulaire tout en étant très clair sur les codes de la maison", a confié Stefano Pilati à Reuters en marge du défilé.

Quelques touches de mousseline, dans des robes rouges-orangées ou dans une aérienne robe du soir bleu profond dévoilant un body du même ton, adoucissent un vestiaire très contrôlé.

Le soir, la femme Saint Laurent opte pour un fluide pantalon sarouel de satin noir porté avec un top de mousseline transparente.

Plus ambitieuse, elle enfile une combinaison sans manche à la coupe irréprochable arborant une encolure entièrement découpée, comme parée d'un collier de tissu dévoilant pudiquement les épaules et le cou.

La griffe, propriété du groupe PPR, reste déficitaire. Après une chute de 12% de ses ventes en données comparables en 2009, la marque a vu son chiffre d'affaires se redresser légèrement et progresser de 2,9% au premier semestre 2010, à 118 millions d'euros, grâce surtout à la maroquinerie.

Peu implantée en Asie, elle n'a pas profité de la dynamique chinoise qui a permis à nombre de grandes marques de luxe d'amortir le choc de la crise et de vigoureusement rebondir au premier semestre 2010.

Le groupe PPR a engagé un programme de réduction des charges opérationnelles de la marque et de rationalisation d'un réseau de magasins très étendu et très coûteux, qui a permis de ramener la perte opérationnelle courante à 6 millions d'euros au premier semestre.

PPR, propriétaire de Gucci, Balenciaga ou Bottega Veneta, publiera son chiffre d'affaires du troisième trimestre le 28 octobre.

Edité par Jean-Stéphane Brosse