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Culture

A quoi ressemblaient les pastèques au 17e siècle

Watermelons, peaches, pears and other fruit in a landscape; and Chrysanthemums, tulips, irises and other flowers and fruit in a landscape oil on canvas. Giovanni Stanchi (Rome c. 1645-1672)

Watermelons, peaches, pears and other fruit in a landscape; and Chrysanthemums, tulips, irises and other flowers and fruit in a landscape oil on canvas. Giovanni Stanchi (Rome c. 1645-1672) - Christie's images Limited 2014

Une chair très rouge, dense et ferme, peu de pépins... les pastèques d'aujourd'hui n'ont pas grand chose à voir avec celles d'antan. Du moins si l'on regarde les pastèques peintes par Giovanni Stanchi au 17e siècle.

Mangeons-nous des pastèques mutantes? En tout cas, le gros fruit que nous connaissons et consommons aujourd'hui a bien changé. Les pastèques ont une chair très dense et de tout petits pépins. Elles sont très juteuses et sucrées.

Mais, comme l'a repéré le site Vox.com, elles ne ressemblaient pas du tout à cela il y quelques siècles. En témoigne une nature morte de l'Italien Giovanni Stanchi, qui a vécu au 17e siècle. Les pastèques qu'il peint, en bas à droite de son tableau, n'ont que peu de chair rouge et de très gros et très nombreux pépins.

Grosse cucurbitacée

L'horticulteur James Nienhuis, professeur à l'université du Wisconsin utilise ce tableau pour enseigner à ses élèves l'histoire de la sélection végétale. "C'est drôle d'aller dans des musées d'art et de voir à quoi ressemblaient nos légumes il y a 500 ans", explique-t-il à Vox.

A l'époque de Giovanni Stanchi, la grosse cucurbitacée venue d'Afrique australe, et passée par le Moyen Orient et l'Europe du sud, commence sans doute à se répandre dans les jardins européens. James Nienhuis estime que les melons d'eau de l'époque étaient assez sucrés, d'autant qu'ils étaient consommés frais ou fermentés dans du vin. 

Les pastèques telles que nous connaissons aujourd'hui, très rouges et charnues.
Les pastèques telles que nous connaissons aujourd'hui, très rouges et charnues. © Harsha K . R. - Flickr - CC

Lycopène et placenta

Et si leur apparence a tant changé, c'est qu'au fil de siècle de culture, les pastèques ont gagné en lycophène. L'intérieur de la pastèque, la partie rouge et charnue, est en fait le placenta du fruit. Celui-ci contient du lycopène, qui lui confère sa couleur rouge (on en trouve aussi dans les tomates, les poivrons rouges et les pamplemousse). Or, au fil du temps, les pastèques se sont chargées en lycopène.

Passant d'un fruit à l'intérieur pâle, à un quelque chose de très rouge. On peut certes s'en réjouir, parce que le lycophène est bon pour la santé et protégerait contre certains cancers. Mais on peut aussi s'inquiéter d'une telle mutation. D'autant que la pastèque en a subi d'autres. Comme la perte de ses pépins, "évolution logique de la sélection", analyse encore James Nienhuis.

Sans parler des pastèques cubiques, produites au Japon, dans un but décoratif. C'est sûr, les natures mortes de 2015 ne ressemblent pas à celles de 1635.

M. R.