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Un membre de la Banque de France juge que les cryptos génèrent les mêmes risques que la finance

La Banque de France table sur une croissance de 0,3% au quatrième trimestre.

La Banque de France table sur une croissance de 0,3% au quatrième trimestre. - Jacques Demarthon - AFP

Dans un discours prononcé à la "World Bank Global Payments Week 2023", le premier sous-gouverneur de la Banque de France s'est montré critique à l'égard du secteur crypto.

Denis Beau n'est pas un fervent défenseur de l'écosystème crypto. Lors de la "World Bank Global Payments Week 2023" consacrée à l'avenir des paiements, le premier sous-gouverneur s'est montré critique à l'égard du secteur. Evoquant la chute du géant des cryptomonnaies FTX, ce dernier est revenu sur les risques liés aux cryptomonnaies.

"Les infrastructures et les activités des crypto-actifs génèrent des risques comparables à ceux des services financiers traditionnels, et qui sont inhérents à la fourniture de services financiers, notamment les risques de crédit, de liquidité et de marché", a déclaré le premier sous-gouverneur de la Banque de France.

Turbulences sur les stablecoins

Au sein même de l'écosystème crypto, la Banque de France voit deux risques majeurs. D'une part, les stablecoins qui ont connu de fortes turbulences au cours du printemps dernier. "Il s’est avéré qu'ils n’étaient pas si stables, comme l’illustre l’effondrement du Terra USD", ajoute ce dernier.

"Au cœur de leur instabilité se trouve le manque de transparence sur la nature et le caractère approprié de leurs réserves ou sur les limites de leur mécanisme de stabilisation, qui expose leurs détenteurs à des limitations et des risques en ce qui concerne leurs droits de remboursement", indique-t-il.

Son propos ne distingue pas en revanche les stablecoins dits algorithmiques des stablecoins classiques (voir notre article à ce sujet). Pour rappel, un stablecoin (ou cryptomonnaie stable) est un crypto-actif (ou actif numérique) qui est arrimé à une monnaie fidiciaire comme l'euro ou le dollar. Un stablecoin peut aussi être adossé à d'autres actifs (comme par l'exemple l'or). C'est ce qu'on appelle le sous-jacent du stablecoin.

La finance décentralisée dans le viseur

De même, alors que l'Europe a adopté la règlementation européenne MiCA, les régulateurs devraient aller encore plus loin sur certains points, comme par exemple sur la finance décentralisée (DeFi), aujourd'hui non concernée par MiCA. "Je pense que nous ne devrions pas essayer de reproduire à tout prix les réglementations financières existantes, mais nous inspirer des réglementations d’autres secteurs pour réglementer, par exemple, les 'produits' même lorsque leurs 'producteurs' ou 'émetteurs' ne sont pas clairement identifiés", considère-t-il.

Pour rappel, la finance décentralisée (DeFi) est un système financier ouvert, accessible à n'importe quel utilisateur, qui permet de réaliser certaines opérations de la finance traditionnelle, comme des prêts.

Alors que la France veut devenir le hub européen des cryptomonnaies, comme le souhaite le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, la Banque de France reste méfiante à l'égard du secteur crypto, préférant préparer en coulisse le lancement de son euro digital.

Pauline Armandet