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GTX, le nouveau projet crypto des fondateurs... du fonds en faillite Three Arrow Capital

Su Zhu et Kyle Davies veulent lancer la bourse d'échanges GTX, misant sur les faillites des crypto sociétés actuelles, comme FTX, et à venir. Ils cherchent à lever 25 millions de dollars.

Surfer sur les récentes faillites de Celsius, BlockFi et de FTX quand on a soi-même fait faillite, il fallait oser. Su Zhu et Kyle Davies, les co-fondateurs du fonds d'investissement Three Arrow Capital (3AC), l'ont fait. Les anciens traders veulent lancer une plateforme d'échanges baptisée "GTX", en clin d'oeil à FTX, "parce que G vient après F", selon leur lunaire document de présentation.

Parce qu'il faut bien trouver un créneau pour se racheter, GTX entend capitaliser sur les faillites actuelles et à venir dans l'écosystème crypto. Pour rappel, lorsqu'une société est en faillite, les clients peuvent décider de vendre leurs créances à des sociétés ou fonds d'investissement, dans le but d'avoir des liquidités immédiates, sans attendre trop longtemps. On le voit par exemple avec Mt Gox, plateforme d'échange de cryptos en faillite depuis 2014, les clients pouvant espérer un remboursement au plus tôt en 2023, soit 10 ans après.

Ici, les anciens fondateurs de 3AC pensent avoir trouvé une solution, en créant une plateforme d'échanges qui lierait les cryptomonnaies et les créances des clients, le tout avec de la spéculation à haut risque. Concrètement, la plateforme ferait se rencontrer des utilisateurs désirant racheter les créances des clients, tandis que ces derniers pourront abandonner leurs créances sur GTX et recevoir en échange un stablecoin baptisé "USGD".

Dans leur document de présentation, Celsius, BlockFi, Mt Gox, mais surtout FTX sont cités comme exemple de sociétés où il est bon de racheter des créances. GTX évalue d'ailleurs ce marché à 20 milliards de dollars, sur lequel d'autres sociétés sont déjà présentes, comme XClaims ou encore Claims-Market. Bien évidemment, GTX assure que ses tarifs seront bien plus bas que ses concurrents. Pour enjoliver tout ça, GTX précise avoir déjà à sa disposition une équipe de 60 développeurs et avoir noué un partenariat avec la plateforme d'échange de cryptos CoinFlex.

Pari risqué

L'équipe espère lancer ce projet d'ici un mois, en levant 25 millions de dollars auprès d'investisseurs. Mais quel investisseur pourrait bien faire confiance aux fondateurs de 3AC, qui se sont révélés être assez peu exemplaires au cours des derniers mois?

Pour rappel, fondé en 2012, 3AC était l’un des plus gros investisseurs dans l'écosystème crypto, qui assurait gérer jusqu'à 10 milliards de dollars d'actifs. Le fonds a investi dans des blockchains comme Bitcoin, Ethereum ou encore dans l'écosystème Terra Luna. Pas de chance: à la suite de l'effondrement de Terra Luna, le fonds s'est retrouvé dans l'incapacité de rembourser ses créanciers mi-juin. En effet, 3AC devait plus de 3,5 milliards de dollars de dettes à ses 27 créanciers, dont Genesis Global Trading ou encore Voyager Digital. Faute d'y parvenir, 3AC a fait faillite le 27 juin, le tribunal des Îles Vierges britanniques ordonnant sa mise en liquidation.

Mais aujourd'hui, les anciens fondateurs de 3AC préfèrent se concentrer sur GTX plutôt que de faire face à leurs responsabilités.

"Les conseillers qui travaillent à la liquidation de 3AC ont accusé Davies et Zhu de ne pas coopérer avec le processus de liquidation. La semaine dernière, les conseillers ont assigné les cofondateurs à comparaître sur Twitter, affirmant qu'ils n'étaient toujours pas localisés", rapporte The Block.

"Convertir leur créances"

Les anciens fondateurs de 3AC veulent même aller plus loin, en liant leur projet actuel à leur ancienne société en faillite.

"Zhu et Davies proposent à certains créanciers de 3AC de convertir leurs créances en actions dans la nouvelle entreprise, selon le procès-verbal d'une réunion des créanciers du 11 janvier", rapporte Bloomberg.

De "nombreux investisseurs institutionnels ne seront pas disposés à investir dans une nouvelle entreprise des cofondateurs de 3AC tant que toutes les questions juridiques et réglementaires en suspens concernant 3AC, à l'intérieur et à l'extérieur de Singapour, ne seront pas résolues", estime de son côté Chris Holland, associé chez Holland & Marie, qui était interrogé par Bloomberg.

Pauline Armandet