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Interview

Faillite de FTX: l'occasion de "faire le ménage" dans le secteur

Interrogé par l'AFP, Mathias Ruch, patron d'une société suisse de capital-risque, estime que la chute du géant américain va bouleverser l'écosystème crypto.

L'effondrement de la plateforme FTX va être l'occasion de "faire le ménage" dans les cryptoactifs, selon Mathias Ruch, le co-fondateur et patron de CV VC une société de capital-risque suisse qui investit dans les entreprises de la blockchain, les registres distribués.

Âgé de 46 ans, cet investisseur qui finance des start-up dans le canton suisse de Zoug, surnommé la crypto-vallée, avait débuté sa carrière durant la bulle internet des années 2000 et voit de nombreuses similitudes dans les actuelles secousses sur les cryptoactifs. Sa société ne divulgue pas le montant de ses actifs sous gestion mais a investi dans des entreprises qui se concentrent sur la blockchain pour proposer des solutions aussi bien pour l'enregistrement des droits musicaux que pour le traçage des objets connectés dans l'automobile.

Quelles vont être les répercussions de la faillite de FTX, selon vous?

Mathias Ruch: Je pense que nous allons assister un nettoyage (du secteur). Nous n'avons pas encore vu beaucoup de faillites jusqu'à maintenant. Mais si on regarde la taille des activités de FTX, cela peut prendre beaucoup de temps avant de tout démêler. Je pense que nous n'avons pas encore tout vu. Je m'attends à des faillites. Mais est-ce qu'il y en aura plus que d'ordinaire ou pas? Ca, nous ne le savons pas encore.

Vous comparez le choc actuel sur les cryptomonnaies à l'éclatement de la bulle Internet. En quoi, cela vous semble-t-il similaire?

Je pense que c'est une phase très similaire. L'histoire se répète. Les gens ont été avides, ont négligé la diligence raisonnable (NDLR: "due diligence" pour évaluer les entreprises) et ce sont les petits investisseurs qui arrivent en dernier qui en font les frais. CV VC a ouvert à Zoug en 2018 mais nous avons commencé notre activité en 2016. Quand cette explosion (des cryptoactifs) a commencé en Suisse en 2016, nous avons examiné près d'un millier d'entreprises en l'espace de six mois. Les projets arrivaient du monde entier. Et comme nous étions la seule entreprise (de capital-risque) à Zoug, les gens venaient littéralement sonner à notre porte en voulant démarrer leur entreprise le jour même. Au début, il y avait beaucoup de projets qui venaient d'Asie. L'emballement était tel que certains venaient avec leur ambassadeur. A l'époque, nous nous sommes abstenus d'investir parce que 99% des projets ne valaient pas grand chose. Mais après, il y avait ces 1% à 2% qui donnaient à réfléchir.

Comment sélectionnez-vous les entreprises que vous financez?

Actuellement nous avons investi sur 51 entreprises. Nous avons délibérément évité la partie spéculative. Nous investissons dans des start-up qui ont la technologie de la blockchain au coeur de leur projet. Pour les projets à leurs tout-débuts, chaque start-up reçoit 135.000 dollars contre une participation de 7,5%. Pour les start-up à un stade plus avancé, les montants investis varient entre 250.000 et 500.000 dollars. Actuellement les choses sont plus calmes, cela fait moins de bruit. Mais il se passe toujours beaucoup de choses. Les valorisations vont redescendre. Les opportunités sont énormes. Je pense que c'est la meilleure opportunité de ma carrière professionnelle en tant qu'entrepreneur en Suisse.

PA avec AFP