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L'un des fondateurs de WeWork lance un projet crypto dans les crédits carbone

Adam Neumann lance Flowcarbon, une plateforme d’échange de crédits carbone qui s’appuie sur la blockchain.

On ne rêve pas. On est à Wall Street et on a dans un seul et même scénario deux séries à succès de Netflix: WeCrashed, qui raconte de l’intérieur l’ascension fulgurante de WeWork, la méga start-up de bureaux partagés et "Les rois de l’arnaque", une série sur ce groupe de pirates du business qui ont réussi une superbe arnaque sur le marché des droits à polluer au début des années 2000. Le tout avec les cryptomonnaies et la blockchain... Qui d’autre qu’Adam Neumann, co-fondateur de WeWork, pouvait imaginer ça?

Ce dernier est notamment connu pour ses extravagances, l’usage de drogue, de pratiques managériales et comptables totalement délirantes qui ont failli faire imploser WeWork en 2019, au point où SoftBank, son actionnaire principal, avait promis plus de 3 milliards de dollars sur la table pour pourvoir s’en débarasser et le mettre à la porte (avant de revenir sur cet investissement).

Après une petite période de purgatoire et quelques investissements immobiliers à Miami, le revoilà avec sous le bras un projet de plateforme d'échanges de crédits carbonne s'appuyant sur la blockchain, baptisée Flowcarbon.

70 millions de dollars levés

Malgré son track record hors du commun et le côté totalement sulfureux de ce genre de business, il a réussi à lever 70 millions de dollars auprès de partenaires et de fonds de capital risque, comme a16z crypto ou encore Samsung Next.

"La mission de Flowcarbon est de conduire des milliards de dollars directement vers des projets qui réduisent ou éliminent leurs émissions de carbone en créant le premier protocole ouvert pour la tokénisation de crédits carbone certifiés. Grâce au protocole, les développeurs de projets peuvent immédiatement accéder à une place de marché d’acheteurs intéressés par leurs crédits en les apportant sur la blockchain", souligne le communiqué de presse.

La société a également mis en circulation son propre jeton, le goddess nature token, déployé sur la blockchain Celo.

"Les token peuvent être retirés en tant que compensation, vendus, utilisés pour emprunter et prêter, ou rachetés pour un crédit sous-jacent du monde réel" , précise la société.

Certains observateurs doutent du projet, le média Vox allant même jusqu'à parler d'arnaque dans une arnaque.

"Je pense qu'ils essaient de résoudre quelque chose qui n'est pas un problème", a déclaré Robert Mendelsohn, professeur de politique et d'économie forestières à Yale, cité dans le média Vox. "Le genre de choses pour lesquelles les blockchains sont bonnes, qui est en quelque sorte de s'assurer que rien ne se perd, n'est pas vraiment un problème avec le marché actuel. Ce qui ne va pas, c'est que les crédits eux-mêmes n'entraînent pas forcément une réduction du carbone."

Toujours selon Vox, "faciliter l'achat et la vente de crédits carbone ne résout en rien le vrai problème des crédits carbone et des compensations, à savoir qu'ils ne fonctionnent pas".

Au final, il faut aimer le risque: monter un business que d’entrée de jeu certains observateurs qualifient d’arnaque, c'est encore une aventure passionnante à suivre et peut-être un nouveau scénario à succès pour une future série Netflix.

Antoine Larigaudrie édité par PA