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Le Salvador ne parvient pas à lever des fonds en bitcoin pour sa dette publique

Si le Salvador est devenu le premier pays à adopter le bitcoin en tant que monnaie légale, les investisseurs n'ont pas été intéressés par l'obligation souveraine en bitcoin que souhaitait lancer le pays.

Coup dur pour le Salvador. Présenté en novembre 2021, son "bitcoin bond", l’obligation d’Etat adossée au cours du bitcoin (aussi appelé "vulcano bonds"), n’a pas attiré un seul investisseur, rapporte Bloomberg. Le gouvernement prévoyait d'émettre cette obligation à 10 ans (assortis de coupons en bitcoins représentant des intérêts annuels de 6,5%) d'ici le mois de mars.

Alors que le Salvador a adopté le bitcoin en tant que monnaie légale en septembre 2021, le pays cherchait également à se servir de cette cryptomonnaie pour lever des fonds pour les finances de son pays. Avec cette obligation, le Salvador cherchait notamment à obtenir un milliard de dollars, qui aurait servi pour la moitié à acheter du bitcoin pour repayer une obligation souveraine arrivée à échéance, et pour l'autre moitié à investir dans la Bitcoin City, une ville de fermes de minages qui utiliserait l’énergie d'un volcan.

Une situation qui inquiète le FMI

Nayib Bukele, le président du Salvador, "n'a pas encore reçu un seul centime du milliard de dollars qu'il cherche à obtenir. Ce qui, conjugué à l'impasse des négociations avec le Fonds monétaire international, fait craindre aux créanciers que le pays ne parvienne pas à rembourser une obligation de 800 millions de dollars au début de l'année prochaine", précise Bloomberg.

La situation semble donc se compliquer pour le Salvador, dont l'obligation de 800 millions de dollars arrive à échéance en janvier 2023, faisant perdre confiance à de nombreux détenteurs de l'obligation.

"Les prix des obligations souveraines du pays se sont effondrés en avril, chutant de 15,1 %, une chute que seules les obligations de l'Ukraine déchirée par la guerre ont surpassée. Les obligations classiques du Salvador, qui arrivent à échéance en 2032, rapportent désormais 24%, un niveau qui suggère que les investisseurs se préparent à un défaut de paiement", ajoute Bloomberg.

Sur le marché des obligations, mécaniquement, les taux d'une obligation grimpent lorsque la valeur de celle-ci sur les marchés diminue, et inversement.

En février, l'agence Fitch Ratings a d'ailleurs abaissé la note du Salvador à CCC, soulignant sa dépendance accrue à l'égard de sa dette à court terme, de ses sources de financements "limitées" et d'une augmentation de sa dette publique qui devrait atteindre 87 % du produit intérieur brut cette année.

Si le président et le ministre des finances Alejandro Zelaya n'ont fait aucun commentaire sur un défaut de paiement, ce dernier avait tenu à rassurer les investisseurs sur le risque de défaut de son pays.

"Notre risque de défaut est nul, car nous avons la capacité de payer tous nos engagements et nous continuerons à le faire", a déclaré ce dernier en mars dernier.
Aude Kersulec, édité par PA.