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Le bitcoin pourrait être de nouveau secoué cette semaine avec la potentielle faillite de Genesis

Dans le sillage de FTX, le géant Genesis pourrait se déclarer en faillite cette semaine. Ce qui ferait tanguer le cours du bitcoin, qui vivait ces derniers jours une période d'accalmie.

Malgré la relative accalmie sur le marché crypto, avec un bitcoin au dessus des 20.000 dollars, l'écosystème retient son souffle. En effet, un gros acteur compterait ses jours. La plateforme de prêts crypto Genesis, fragilisée par la chute de FTX, pourrait faire faillite cette semaine, révèle Bloomberg et d'autres médias spécialisés. Or, un tel évènement pourrait de nouveau affaiblir le marché des cryptomonnaies, a déclaré Vincent Boy, analyste technique chez IG, lors d'un point presse. En effet, en plus de porter de nouveau un coup dur à l'écosystème crypto, la faillite de ce nouveau géant pourrait entraîner des bouleversements chez d'autres acteurs, notamment le géant des cryptos Gemini ou encore, par ricochet, le média spécialisé CoinDesk.

La situation s'est dégradée depuis déjà plusieurs mois pour Genesis, d'abord fragilisé par l'effondrement de l'écosystème Terra Luna. Après avoir licencié 20% de son personnel en août, Genesis s'est séparée de 30% de son personnel début janvier, ne comptant plus que 145 employés. Le véritable coup de massue a été provoqué par la faillite en novembre dernier de FTX, un acteur qui était stratégique pour Genesis, puisque la société avait bloqué 175 millions de dollars chez le géant américain.

Faute de liquidités, Genesis a annoncé à ses clients le 16 novembre qu'ils ne pouvaient plus retirer leurs cryptomonnaies de la plateforme. La situation qui devait être "temporaire" n'est jamais revenue à la normale, affaiblissant en interne Genesis et certains de ses partenaires et créanciers. Aucune solution n'ayant été trouvée jusqu'à présent, Genesis a établi cette semaine un "plan de faillite préétabli" avec ses principaux créanciers. Ces derniers accepteraient une "période d'abstention, pour la plupart des paiements, d'un à deux ans dans le cadre du plan de faillite préétabli", précisent des sources à The Block et à Bloomberg. En échange, ils pourront recevoir des paiements en espèces et des actions de la société mère de Genesis, Digital Currency Group (DGC).

Tensions entre Gemini et Genesis

Parmi les créanciers, figurent surtout les frères Winklevoss, fondateurs de la plateforme d'échanges de cryptos Gemini, qui gère encore près de 30 milliards de dollars de cryptomonnaies. Or, la tension est montée d'un cran entre Gemini et Genesis. En effet, depuis 2020, les deux sociétés étaient partenaires du programme "Gemini Earn", qui permettait aux clients de Gemini de remporter jusqu'à 8% d'intérêts en prêtant leurs cryptomonnaies à Genesis. Or, le 16 novembre, Genesis a suspendu la possibilité pour les prêteurs de retirer leurs cryptomonnaies. Aujourd'hui, Genesis détient 900 millions de dollars de 340.000 prêteurs de Gemini. Des fonds que réclame aujourd'hui Gemini.

En demandant à Genesis ces 900 millions de dollars dans une lettre postée sur Twitter début janvier, Cameron Winklevoss a attiré l'oeil du gendarme boursier américain, la SEC. Résultat: la SEC a décidé de poursuivre les deux sociétés, considérant que le programme "Gemini Earn" aurait dû être enregistré auprès des autorités compétentes, dans le but de protéger les investisseurs.

Les choses se s'arrêtent pas là pour Genesis. Selon une lettre aux actionnaires datée de lundi et consultée par Bloomberg, DGC a annoncé qu'elle "suspendait ses dividendes trimestriels afin de conserver ses liquidités". Une décision qui met en difficulté le média spécialisé CoinDesk, connu pour avoir révélé en premier les liens étroits entre Alameda Research et FTX. En effet, la maison-mère de Genesis, DGC, avait acquis CoinDesk en 2015 pour environ 600.000 dollars. A ce jour, le média qui a engagé le cabinet Lazard comme conseiller financier, explore une "vente totale ou partielle", a déclaré son patron Kevin Worth à The Block.

Pauline Armandet