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Le bitcoin passe sous la barre des 25.000 dollars

La reine des cryptomonnaies vient de passer sous la barre des 25.000 dollars, plongeant à son niveau le plus bas depuis fin 2020.

Le marché des cryptomonnaies est en chute libre depuis ce week-end, dans un contexte de fortes tensions économiques et de resserrement des politiques monétaires.

Au moment de la rédaction de ce papier, la reine des cryptomonnaies, le bitcoin, a chuté de 10 % depuis ce dimanche, s’échangeant à moins de 25.000 dollars. Il s'agit du niveau le plus bas depuis décembre 2020. L'actif a perdu 65 % de sa valeur par rapport à son plus haut historique en novembre dernier, à 69.000 dollars. Même il y a un mois, lors du crypto-krach sur le marché, le bitcoin n’était pas descendu en dessous des 26.000 dollars.

Ce faible niveau s'inscrit dans un contexte économique tendu: la semaine dernière, les Etats-Unis ont annoncé connaître leur plus forte flamblée des prix depuis 40 ans, avec une inflation à la hausse de 8,6% sur un an.

Comment expliquer une telle chute?

Depuis plusieurs mois, le marché des cryptomonnaies est de plus en plus corrélé au Nasdaq, l'indice technologique américain. Ce lundi, dans un contexte économique morose, le Nasdaq chute de plus de 3,5% dans les échanges électroniques d'avant-Bourse, ce qui peut notamment expliquer une chute sur le marché des cryptomonnaies.

Alors que le marché des cryptomonnaies (bitcoin et autres cryptommaies réunies) est beaucoup plus petit - avec une capitalisation actuelle d'un peu moins de 1.000 milliards de dollars - que le Nasdaq, une chute de l'indice technologique se ressent de manière plus importante sur ce marché. Si paradoxalement, la corrélation entre le bitcoin et le Nasdaq ne s'était pas observée aux premiers jours de la guerre en Ukraine, elle a repris en intensité depuis début mars. 

Les valeurs tech et les cryptomonnaies sont parmi les actifs les plus sensibles aux politiques monétaires des banques centrales, et notamment de la banque centrale américaine (la Fed). Globalement, sur les années 2020 et 2021, il y avait de fortes liquidités sur les marchés injectées par les banques centrales pour soutenir les économies en pleine pandémie.

Cela a provoqué une hausse du marché des cryptomonnaies et du Nasdaq ainsi que des autres actifs risqués. Mais l'année 2022 est différente et le contexte économique a changé. Afin de contenir une inflation galopante aux Etats-Unis, la Fed relève ses taux directeurs et normalise son bilan. Face au resserrement de la politique monétaire de la banque centrale américaine, les investissements sur les actifs les plus risqués sont en repli. Il y a moins d'argent en circulation dans les marchés financiers, l'argent coûte plus cher et cela pénalise les actifs les plus risqués comme les actions de la tech américaine et les cryptomonnaies.

De manière générale, le marché des cryptomonnaies étant plus petit (1000 milliards de capitalisation) que le Nasdaq (19.276 milliards selon Factset), il est aussi sujet à plus de volatilité. Un repli du Nasdaq a ainsi tendance à se traduire par une chute encore plus forte du marché des cryptomonnaies.

D'autres cryptomonnaies et stablecoins chutent, des sociétés dans la tourmente

Dans ce contexte, les dix cryptomonnaies ayant les plus fortes capitalisations du marché selon Coinmarketcap chutent, à l’instar de la deuxième cryptomonnaie en terme de capitalisation, l’ether. Elle plonge de plus de 15% vers 15h au cours des dernières 24 heures, s’échangeant alors autour de 1.200 dollars. De même, la cryptomonnaie solana chute de 18% et le dogecoin chute de 17%.

Par ailleurs, un phénomène que l'on avait observé il y a un mois avec le crypto-krach, refait surface: la destabilisation de certains stablecoins. Il y a un mois, le terra usd (UST) de la blockchain Terra s'était effondré, en perdant son ancrage face au dollar. Ce lundi, deux nouveaux stablecoins viennent de perdre leur ancrage face au dollar: l'USDD et l'USDN.

Pour rappel, un stablecoin (ou cryptomonnaie stable) est un crypto-actif (ou actif numérique) qui est arrimé à une monnaie fidiciaire comme l'euro ou le dollar. Un stablecoin peut aussi être adossé à d'autres actifs (comme par l'exemple l'or). C'est ce qu'on appelle le sous-jacent du stablecoin.

Lorsque le cours du sous-jacent varie à la hausse ou à la baisse, la valeur du stablecoin doit s'aligner sur ce dernier. La promesse est de tenir en permanence la parité, par exemple 1 UST = 1 dollar. Cet ancrage à une devise s'appelle aussi un "peg" ("arrimage" en anglais). Lorsqu'il y a un écart entre la valeur du sous-jacent et celle du stablecoin, on parle de "dé-peg" ou "perte de parité".

Dans ce contexte de nouvelle chute sur le marché des cryptomonnaies, des sociétés qui couraient un risque de liquidité se retrouvent dans la tourmente. C'est le cas notamment de la société Celsius. Le géant américain du staking et du lending a annoncé ce lundi à ses clients qu'ils ne pouvaient plus transférer ni recevoir leurs fonds en cryptomonnaies.

Pauline Armandet