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Escroquerie au bitcoin: pourquoi l'affaire d'Alexander Vinnik refait surface

Frédéric Bélot, l'un des avocats d'Alexander Vinnik, souhaite que son client emprisonné aux Etats-Unis soit transféré en Russie. Il espère que des négociations s'ouvriront entre les deux pays.

Frédéric Bélot ne veut rien lâcher. L’avocat français du Russe Alexander Vinnik accusé d’avoir blanchi plus de "quatre milliards de dollars de revenus criminels" via la plateforme d’échanges de cryptomonnaies BTC-e, souhaite transférer son client emprisonné aux Etats-Unis vers la Russie. Lundi, il a envoyé un courriel au ministre des affaires étrangères de la Russie, Sergei Lavrov, lui demandant d’entamer des discussions en vue d’un "échange de prisonniers" entre la Russie et les Etats-Unis.

"Un cas politique"

"Pour les Etats-Unis, le cas de M. Vinnik n'est pas un litige juridique, mais politique. Aujourd'hui, la seule chose qui puisse sauver Alexandre est que la Fédération de Russie entame des négociations avec les autorités américaines dans le cadre de l'échange de prisonniers entre les pays mentionnés", précise la lettre de l'avocat, que BFM Crypto a pu consulter.

Contacté par nos soins, Frédéric Bélot estime que son client, âgé de 43 ans, risque jusqu’à 55 ans de prison aux Etats-Unis. Pour rappel, Alexander Vinnik a été arrêté le 25 juillet 2017 en Grèce par un mandat d’arrêt américain l’accusant d’être le co-fondateur et administrateur de la plateforme d’échanges de cryptomonnaies BTC-e.

La plateforme est accusée d'avoir "facilité des transactions pour des cybercriminels dans le monde entier" en "permettant à ses utilisateurs d'échanger des bitcoins avec un haut niveau d'anonymat", selon la justice américaine. Alexander Vinnik a ensuite été remis à la France en janvier 2020, où il a été condamné à cinq ans de prison en 2021 pour blanchiment d'argent par la Cour de Cassation.

Il y a un mois, le 4 août dernier, il a été extradé en Grèce au cours de l'après-midi, puis aux Etats-Unis dans la nuit, a précisé l'avocat.

"Comme il a déjà été condamné en France pour l’infraction de blanchiment et relaxé de 13 autres infractions et en vertu du principe de droit international non bis in idem, il ne saurait être condamné pour des mêmes infractions en Russie (et donc aux Etats Unis)", précise l'avocat à BFM Crypto.

En Russie, ce dernier est accusé pour des faits de fraude pour un montant de 9500 euros. Dans sa lettre, l'avocat met en lumière l'état de santé fragilisé de son client emprisonné depuis 2017, père de deux enfants et qui a perdu sa femme âgée de 34 ans en 2020.

Des positions sur le bitcoin contre la suprématie américaine

Au début de la création du bitcoin, il existait peu de plateformes d’échanges de cryptomonnaies pour s’échanger du bitcoin, BTC-e se retrouvant en concurrence avec la plateforme d'échange de cryptomonnaies japonais Mt Gox. Fondée en 2011, BTC-e a été fermée en 2017 par les Etats-Unis, au même moment où Alexander Vinnik a été arrêté.

"Mon client a été manipulé par la plateforme BTC-e. Chaque fois qu’il s’interrogeait sur la légalité de ce qu’il faisait sur la plateforme BTC-e, l’administrateur de la plateforme (qui apparaissait sous le pseudo 'd’admin') lui répondait que tout était légal. Il n’y avait pas de règlementation sur le bitcoin au moment des faits en Russie. Son tort a été de travailler pour des gens qu’il ne connaissait pas", explique son avocat à BFM Crypto.

A l'époque, Alexander Vinnik "intervenait sur les réseaux sociaux pour prendre des positions politiques sur le bitcoin contre la suprématie du dollar américain et indiquait clairement qu’il travaillait pour la plateforme", admet son avocat. C'est pour cela qu'il a été facilement identifié par le FBI et arrêté alors qu’il était en vacances en Grèce avec sa famille, ajoute ce dernier.

Pauline Armandet