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En France, le bitcoin est toujours utilisé par les criminels

Lors de l'édition de Surfin'Bitcoin à Biarritz, le colonel Nicolas Duvinage a expliqué le rôle des gendarmes qui luttent contre les crimes et délits liés aux cryptomonnaies.

C'est l'une des conférences les plus suivies de l'édition de Surfin’Bitcoin, qui a eu lieu la semaine dernière à Biarritz. Le colonel Nicolas Duvinage, qui dirige le Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) au sein de la gendarmerie française, s'est exprimé devant une salle comble de bitcoiners. Aujourd'hui, plus de 8000 "cyber" enquêteurs travaillent sur le territoire français, certains étant spécialisés dans les crimes et délits liés aux cryptomonnaies.

Les cryptomonnaies "comme le bitcoin sont des outils de la vie courante, 99,9 % sont utilisées par des honnêtes gens", admet Nicolas Duvinage. Mais la gendarmerie est aussi appelée à enquêter sur des délits liés à cette nouvelle classe d'actifs (blanchiment d'argent, ransomware, extorsion de fonds, crimes...)

"Quand on détient ses cryptomonnaies, il est préférable d'éviter de regarder son smartphone et son application de cryptomonnaies favorite dans les transports", prévient le colonel, incitant à l'utilisation d'écrans de discrétion. De même, il est conseillé d'éviter les signes ostentatoires en lien avec l'univers crypto sur les réseaux sociaux comme dans la vie courante, pouvant attirer l'œil de personnes malveillantes.

Le bitcoin, populaire et facile d'accès

"Oui, il y a encore des criminels qui utilisent bitcoin" explique Nicolas Duvinage, en raison de la popularité de cette cryptomonnaie et de sa facilité d'accès. Parmi les criminels qui font l'objet d'enquête, il y a ceux qui découvrent l'univers (et dont les transactions peuvent être traçables sur la blockchain, comme sur Bitcoin), mais il y a aussi "les plus tech des criminels".

"Les criminels vont se faire prendre une fois, deux fois, puis ils vont utiliser d’autres moyens", admet Nicolas Duvinage.

Au cours des trois dernières années en France, les criminels ont utilisé une centaine de cryptomonnaies différentes, dont le bitcoin mais également une cryptomonnaie anonyme comme monero. Si certaines transactions sont traçables sur la blockchain, la gendarmerie a aussi affaire à des services de mixage qui permettent de brouiller les transactions avec des cryptomonnaies pour des raisons de confidentialité.

"Nous n’avons pas rencontré d’usage licite des mixeurs", admet le colonel. "Je ne dis pas qu’il faut supprimer les mixeurs pour autant", précise-t-il.

Pour rappel, en 2022, le volume des transactions illicites en cryptomonnaies a atteint un niveau record de 20,1 milliards de dollars, en hausse depuis plusieurs années, contre 18 milliards de dollars en 2021, contre 8 milliards de dollars en 2020. La part de l'ensemble des cryptomonnaies associées à une activité illicite a augmenté pour la première fois depuis 2019, passant de 0,12 % en 2021 à 0,24 % en 2022 selon Chainalysis.

Aujourd'hui, la gendarmerie intervient sur la base de plaintes et de signalements de victimes. Une fois que la plainte est passée par les services de Tracfin, un service de renseignement qui dépend du ministère de l'Intérieur, la gendarmerie peut débuter une enquête. "Il est courant que les forces de l’ordre enquêtent sous pseudonyme" glisse Nicolas Duvinage, citant le code de la procédure pénale.

Les gendarmes n'ont en revanche pas le droit de provoquer à l’infraction lorsqu'ils entrent en contact avec une personne malveillante utilisant des cryptos, cette dernière devant proposer des services par elle-même. A la fin d'une enquête, la gendarmerie a juridiquement le droit de saisir des cryptomonnaies. Elles sont soient envoyées vers des portefeuilles (wallet) de l'Agrasc, l'agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués, soient confiées à d'autres services de l'Etat, les produits financiers étant revendus.

Pauline Armandet