Un vaste trafic de montres de luxe démantelé dans le Sud de la France

152 montres de luxe, 137.875 euros et trois voitures ont été saisis par les forces de l'ordre. Cinq personnes ont été mises en examen dont le chef supposé de ce vaste réseau.

Un trafic international de montres de luxe mis à jour. Trente-trois personnes ont été interpellées entre le 20 et le 23 juin dans les Alpes-Maritimes, en Île-de-France, en Corse, dans le Rhône et à Anvers. Parmi eux, cinq personnes ont été mises en examen dont quatre écrouées le 24 juin. Deux autres, arrêtés en Belgique, se sont vus notifiées d'un mandat d’arrêt européen.

Ces interpellations ont mobilisé plus de 200 policiers de la police judiciaire de Nice et des services d'investigation belges et espagnols. Elles sont le résultat d'une enquête initiée en octobre 2021 par la police judiciaire de Nice avec la JIRS de Marseille, sur un grand réseau de trafic de montres.

152 montres saisies

Constatant la hausse des vols de montres, les forces de l'ordre niçoises soupçonnaient l'existence d’une organisation criminelle de grande envergure, disposant d’un réseau de voleurs et des moyens permettant d'écouler ce type de marchandise de luxe à grande échelle.

"On s’est rendu compte qu’on avait de plus en plus de faits. Entre 2020 et 2021, dans les Alpes-Maritimes, on a enregistré une augmentation de 46% des vols et plus particulièrement des faits les plus violents, comme vols avec violence, commis à main armée avec séquestration. Là, on avait une augmentation de 90%", a expliqué Florent Mion, chef du service de la police judiciaire de Nice.

Une enquête des chefs d’association de malfaiteurs en vue de préparer et de commettre des crimes et délits, punis de 10 ans d’emprisonnement et de recels de vols en bande organisée, avait donc été ouverte.

Suivant les interpellations du mois de juin, 152 montres de luxe, 137.875 euros, trois voitures ont été saisis. Ajoutons à cela: 3 kg de résine de cannabis et du matériel de reconditionnement des montres volées saisies (certificats d’authenticité vierges de marque Rolex, pièces détachées).

Achetées à 50% du prix

Les investigations ont été menées pendant plusieurs mois sur commission dérogatoire du juge d'instruction. Elles ont permis de confirmer l'hypothèse initiale de la police judiciaire niçoise: l’existence d’un vaste réseau international de receleur de produits de luxe, maroquinerie, bijoux et surtout de montres.

Ces dernières, achetées à moins de 50% de leur valeur, étaient revendues au prix boutique, voire même plus chères après reconditionnement et reconstitution de leurs emballages et des documents d’authentification.

Le système était donc parfaitement organisé -de l’acquisition des montres, auprès des voleurs agissant sur commande à la falsification de leur traçabilité jusqu'au blanchiment massif du produit de leur revente.

Une vie de luxe

Le principal suspect a été identifié comme étant un malfaiteur issu du banditisme corso-azuréen. Il fait partie des quatre personnes écrouées le 24 juin dernier par les forces de l'ordre.

L'individu a déjà été plusieurs fois condamné pour escroqueries et contrefaçons afin de vendre et acheter les montres volées. Il disposait de banquiers occultes à Paris et dans les Alpes-Maritimes, et travaillait aussi avec la complicité d’horlogers pour maquiller les montres, basés à Nice, Lyon, Paris, Andorre et Anvers.  

Âgé de 42 ans, le chef de ce réseau menait une vie exceptionnelle entre Saint-Laurent-du-Var, Bastia, Marbella et Paris. Il achetait des véhicules de luxe au Luxembourg à l’aide de ses complices. Dans la mémoire de son téléphone, de nombreuses photos de blanchiment d’argent liquide ont été retrouvées par les forces de l'ordre.

Biens immobiliers à Dubaï

Les investigations ont également mis en évidence la proximité de ce réseau avec des narcotrafiquants. Ces derniers blanchissaient l’argent de la drogue en achetant des montres de luxe et certains les revendaient à Dubaï pour financer des biens immobiliers sur place.

Cindy Chevaux avec M.L.