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Nice: un enregistrement révèle l'audition choquante d'une demandeuse d'asile par un agent de l'Ofpra

Le siège de l'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), à Fontenay-sous-Bois.

Le siège de l'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA), à Fontenay-sous-Bois. - Google Street view/capture d'écran

La demande d'asile de la femme de 28 ans habitant à Nice, a été rejetée car les déclarations de l'intéressée "n’ont pas permis d’établir les faits allégués et les craintes énoncées en cas de retour".

Des révélations choquantes. Ce vendredi, France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur a divulgué une conversation entre un agent de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et des apatrides) et Rose (prénom modifié), une femme de 28 ans.

Des "troubles de la parole"

L'affaire débute en mai 2022 quand la femme, enceinte de huit mois qui habite à Nice, décide de se rendre à l'Ofpra pour faire un point sur sa demande, elle qui est arrivée en France en décembre 2020. Comme le prévoit la loi, la discussion de cinquante minutes est enregistrée.

Elle débute par le parcours migratoire de la jeune femme, qui explique avoir fui "un mariage forcé au Cameroun". Elle raconte faire "le ménage" chez cet homme, ce à quoi l'agent de l'Ofpra répond: "Mais, c’est pas une persécution madame de faire le ménage, alors? Vous avez été persécutée ou pas madame?"

Comme le précisent nos confrères, la femme souffre "de troubles de la parole" à la suite d'un AVC survenu en 2019 et a donc dû mal à s'exprimer. Face à ses difficultés, l'agent n'hésite pas à souffler, montrer son agacement, et même taper du poing sur la table. Ces problèmes de santé, l'agent n'en tiendra pas compte dans son rapport final.

La demande d'asile rejetée

Autre sujet abordé durant cet entretien: les violences physiques et sexuelles que lui auraient fait subir son ex-mari. "Voilà! Il vous a forcée à coucher", s'exclame l'agent. Ce dernier décide alors d'écrire sur son ordinateur des paroles non-prononcées par la jeune femme. "Il m'a forcée à avoir des relations sexuelles", écrit-il.

Une fois l'entretien terminé, Rose affirme n'avoir jamais été recontactée par l'Ofpra et souligne que sa demande d'asile a été rejetée. Ses déclarations n'auraient "pas permis d’établir les faits allégués et les craintes énoncées en cas de retour".

Une allégation contestée par Pauline Soubié-Ninet, l'avocate de la jeune femme qui dénonce un entretien "contraire à la dignité humaine" et "une violence institutionnelle". Pour son avocate, Rose a raconté son "parcours traumatique, elle qui a été réduite à de "l'esclavage" par un homme "polygame dont elle était la quatrième épouse".

"Si un entretien s’est déroulé dans les conditions que vous décrivez, qui ne sont nullement représentatives de la pratique de l’Office, je le regrette profondément; une telle façon de procéder n’est pas admissible et toutes les conséquences devraient en être tirées", a réagi Julien Boucher, directeur général de l'Ofpra auprès de France 3.

À la suite de ce refus, l'avocate de Rose a indiqué avoir saisi la Cour nationale du droit d’asile afin de faire réexaminer la demande de sa cliente.

Thibault Nadal