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Nice: Christian Estrosi s'oppose à l'installation de migrants dans les zones rurales

Le maire de Nice, Christian Estrosi, lors d'une réunion du parti Horizons, à Paris, le 21 juin 2022.

Le maire de Nice, Christian Estrosi, lors d'une réunion du parti Horizons, à Paris, le 21 juin 2022. - Bertrand GUAY © 2019 AFP

Le maire Nice, également président de la Métropole, milite pour une nouvelle loi sur l'immigration, mais fustige l'une des propositions émises par Emmanuel Macron.

Aux yeux d'Emmanuel Macron, la politique française en matière d'immigration est aujourd'hui "absurde", dans le sens où elle "consiste à mettre des femmes et des hommes qui arrivent, qui sont dans la plus grande misère", dans des quartiers déjà frappés par la pauvreté.

Le chef de l'État l'a indiqué au mois de septembre, il plaide pour une nouvelle répartition géographique des étrangers accueillis sur le territoire national, notamment vers les "espaces ruraux, qui eux sont en train de perdre de la population".

Dans un courrier adressé le 17 octobre au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, que Nice-Presse et BFM Nice Côte d'Azur ont pu consulter, Christian Estrosi s'offusque des répercussions éventuelles d'une telle mesure. Pour celui qui est maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur, "cette idée ne ferait qu'aggraver les problèmes déjà nombreux de notre ruralité".

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Ses arguments sont les suivants: "Nos territoires ruraux souffrent déjà d'un faible dynamisme économique, d'une attractivité moindre et d'un taux de chômage plus élevé que la moyenne nationale. Y concentrer des populations de migrants, qui nécessitent un accompagnement particulièrement important, engendrerait des problèmes supplémentaires et pourrait même générer des tensions entre les populations locales et les populations migrantes".

L'élu assure d'autre part qu'un "tel dispositif serait particulièrement coûteux pour nos campagnes", dans un contexte où les finances des communes sont étranglées par l'inflation et l'explosion des coûts de l'énergie.

Pour Christian Estrosi, il paraît en outre impensable de ne pas associer à la réflexion sur la gestion des flux migratoires les élus locaux, dont il fait lui-même partie.

Les principes de Schengen "aujourd'hui obsolètes"

En ce sens, il soumet dans cette lettre différentes propositions au gouvernement. Le maire de Nice se dit d'abord favorable à l'expulsion des étrangers en situation irrégulière ayant commis des délits. Il appelle à une réduction des délais et à davantage de fermeté pour les personnes ciblées par plusieurs obligations de quitter le territoire (OQTF).

"La présence de leurs enfants ne peut servir de prétexte à leur maintien sur le territoire national", insiste-t-il.

Christian Estrosi dit par ailleurs partager l'avis d'Emmanuel Macron sur la généralisation des restrictions de visas pour les pays refusant d'accueillir leurs ressortissants visés par une OQTF et propose également "une refonte des principes de Schengen aujourd'hui devenus obsolètes".

Le projet de loi présenté début 2023

À l'échelle locale, le maire de Nice pointe du doigt la "complexité réglementaire" préalable à l'évacuation des camps de migrants. Une situation qu'il juge "d'autant plus anormale qu'il s'agit bien souvent d'une occupation illégale du domaine public". De l'avis de Christian Estrosi, il serait "légitime" que les policiers municipaux puissent intervenir.

"Nous devrions également pouvoir saisir matériels et équipements des populations errantes là où ils sont trop souvent les victimes collatérales de la situation de leurs parents", plaide-t-il.

Le projet de loi Asile sera présenté au Parlement début 2023. Le gouvernement affirme être ouvert aux propositions des oppositions pour enrichir le texte.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions