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Mort d'une femme aux urgences de Grasse: sa sœur réclame "des réponses" sur la prise en charge hospitalière

Frances est morte en septembre 2022, quelques jours après avoir été mordue par son chien. Invitée de BFMTV ce vendredi 2 février, sa jumelle Thérèse regrette le choix des soignants de ne pas lui avoir administré d'antibiotiques.

"C'est terrible, mais on ne s'occupait pas d'elle." En septembre 2022, Frances, habitante de Mougins (Alpes-Maritimes), est morte aux urgences de Grasse après avoir été mordue par son chien.

Invitée de BFMTV ce vendredi 2 février, sa sœur jumelle, Thérèse dénonce le mépris des soignants et réclame désormais des "réponses". Car pendant de longues heures, elle a soutenu aux médecins qu'il s'agissait d'une infection et n'a cessé de demander l'administration d'antibiotiques.

"Les seules choses qu'on lui a données, c'est une sorte de Paracétamol, des choses dans les veines et elle est morte d'une septicémie. Ils ne lui ont pas donné les antibiotiques que j'avais demandés", regrette-t-elle.

Des analyses sanguines préoccupantes

Le 4 septembre 2022, Frances est emmenée par le Samu à l'hôpital de Cannes. Sa fille et Thérèse font alors tout pour avoir de ses nouvelles, mais elles n'ont pas droit d'entrer. Elles tentent de se faufiler à l'intérieur, mais elles sont reconduites à la sortie par la sécurité. Seul un pompier leur promet de se renseigner.

"Elle est rentrée aux urgences de Cannes et, ensuite, on était dehors. On ne pouvait pas la voir, car on n'avait pas le droit de la voir. Elle m'a téléphoné pour me dire qu'elle était mal, qu'elle avait soif, qu'elle avait mal à la tête", martèle sa sœur sur BFMTV.

Alors qu'elle réalise des analyses sanguines, qui se révèlent préoccupantes, Frances sort tout de même de l'hôpital dans la soirée.

"Elle arrivait à peine à marcher, alors j'ai demandé à l'hôpital: 'Pourquoi vous l'avez laissé sortir?' On m'a dit que c'était viral et que si ça n'allait pas mieux, on devait la ramener", se souvient Thérèse.

Trois arrêts cardiorespiratoires

Dans la nuit, le cas de Frances empire. "Le lendemain, elle était mal en point et on l'a amenée au deuxième hôpital", ajoute sa sœur. Ce deuxième hôpital, c'est celui de Grasse. "Ils l'ont gardée toute la journée, mais sans téléphone car elle n'avait plus ses facultés mentales", précise Thérèse auprès de BFMTV. Après avoir lutté pour se rendre au chevet de Frances, Thérèse réussit à la voir "dix minutes seulement".

"Je l'ai vue à 19h30 et elle est morte douze heures après, après trois arrêts cardiorespiratoires, sans qu'on ne lui donne les antibiotiques que j'avais demandés", réitère sa sœur.

Désormais, elle réclame des réponses aux hôpitaux concernés. "Je ne veux pas taper sur la tête de ces gens-là. Je veux des formations pour la septicémie dans les urgences, qu'on écoute les proches", indique-t-elle.

"Mais là, ils ne voulaient pas lui donner d'antibiotiques et je veux qu'on réponde à cette question", ajoute Thérèse.

Car selon elle, "n'importe qui aurait vu que c'était très grave: son cœur battait entre 130 et 210. Il y avait des tremblements, des vomissements et elle faisait sur elle", regrette sa sœur.

Une plainte prévue pour "avoir des réponses"

Cette dernière a prévu de déposer plainte, dans l'espoir, encore une fois, "d'avoir des réponses".

Auprès de nos confrères du Parisien, Me Thomas Callen, avocat de la sœur de la victime, indiquait également le dépôt d'une plainte "pour homicide involontaire" contre les deux hôpitaux.

Le conseil est également celui de la famille de Lucas, 25 ans, mort d'un choc septique aux urgences de Hyères, après plusieurs heures de souffrance dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre.

L'hôpital tient à exprimer "son empathie"

Joint par BFM Nice Côte d'Azur, l'hôpital de Cannes, le premier à avoir reçu la sœur de Thérèse, a adressé quelques mots à la famille de la victime. "Nous tenons avant tout à exprimer toute notre empathie aux proches de la défunte. En ces moments difficiles, nous respectons leur peine et leur renouvelons nos plus sincères condoléances", écrit l'hôpital.

Ce dernier indique vouloir respecter le secret médical et tenir "tous les éléments nécessaires à une instruction à disposition de la justice, si les proches souhaitent comme annoncé dans l’article, déposer plainte".

"Seul le système judiciaire est en capacité de procéder, à l’aide d’experts, aux investigations nécessaires afin d’apporter un éclairage sur la situation décrite. Le cas échéant, le CHC-SV prendra les mesures adaptées", insiste l'hôpital.

L'établissement manifeste aussi son soutien aux soignants, "très affectés par ces accusations médiatiques". "Comme tout un chacun, ils méritent le respect et ce respect passe par une instruction sérieuse relevant de la justice", insiste la direction.

De son côté, l'hôpital de Grasse a lui confirmé avoir pris en charge la victime à la suite d'une morsure de chien, mais refuse de s'exprimer davantage.

Martin Regley Journaliste