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Côte d'Azur: un projet d'extension de ferme aquacole suscite l'opposition de pêcheurs et d'élus

Des pêcheurs et élus de tous bords qui dénoncent une menace pour l'environnement.

Sur la Côte d'Azur, un projet d'extension d'une ferme aquacole, au large de Vallauris Golfe-Juan, suscite l'opposition de pêcheurs et d'élus de tous bords, qui dénoncent une menace pour l'environnement de ce joyau touristique méditerranéen, ce que conteste son promoteur.

La société Aquafrais Cannes, qui exploite depuis 35 ans une ferme en mer et produit 570 tonnes de poisson par an, prévoit de porter d'ici à 2026 à 1200 tonnes sa production.

Pour atteindre cet objectif, elle rassemblerait trois concessions éparses déjà existantes et se doterait d'une structure unique de 24.000 m2 au large de Vallauris, dans les Alpes-Maritimes.

"Plusieurs millions d'euros" pour augmenter la production

La société qui réalise un chiffre d'affaires d'environ cinq millions d'euros par an, prévoit d'investir "plusieurs millions d'euros, ce qui permettra d'augmenter la production de poissons nobles en France, à savoir des daurades royales et des loups (le nom méditerranéen du bar), de créer 20 emplois en plus des 35 existants, dans le respect des normes environnementales", a expliqué à l'AFP son directeur général Jérôme Hémar.

Ce dernier a de nouveau présenté son projet vendredi à des élus à la sous-préfecture de Grasse (Alpes-Maritimes) alors que l'enquête publique sur le projet d'agrandissement de la structure se clôturera le 22 février.

"Ce projet menace la biodiversité"

Dans le même temps, vendredi, plusieurs élus locaux et des parlementaires ainsi que des pêcheurs, ont manifesté à Vallauris leur opposition au projet.

"Nous sommes opposés non pas à l'aquaculture mais à ce projet pharaonique", a déclaré Kévin Luciano, maire de Vallauris-Golfe-Juan, joint par l'AFP.

"Ce projet menace la biodiversité unique à proximité d'une zone Natura 2000, mécontente les pêcheurs locaux et pose des questions s'agissant du bien-être animal", a ajouté Kévin Luciano.

Il est soutenu notamment par les députés (LR) Alexandra Martin et Eric Pauget, ainsi que par Caroline Roose, députée européenne, membre du groupe des Verts-ALE au Parlement européen.

Trois stades de football

Les pêcheurs locaux dénoncent eux aussi ce projet de "mégastructure dont les dimensions équivalent à trois stades de football en surface et quinze sur le fond", dans une pétition en ligne lancée par la prud'homie des pêcheurs d'Antibes Golfe-Juan et Cannes qui a déjà rassemblé 2300 signatures.

Les opposants mettent également en avant les risques pour la plaisance entre Antibes et Cannes, dans une zone "très fréquentée" par les touristes durant l'été, qui pourraient, selon eux, évoluer dans des eaux de baignade "polluées" par les rejets de la ferme aquacole.

Pour Jérôme Hémar, le projet dont la qualité a été "reconnue" par la Mission régionale d'autorité environnementale (MRAE) dans son avis rendu en octobre, "offre toutes les garanties pour l'environnement, car il est éloigné des herbiers de posidonie" dont les forêts sous-marines constituent des nurseries pour les poissons.

"On nous reproche un impact possible sur la posidonie ou sur les eaux de baignade, poursuit Jérôme Hémar. Or nous avons présenté ce (vendredi) matin des mesures de la qualité de l'eau réalisées l'été dernier le même jour dans notre ferme et sur une plage de Vallauris."

Et, selon lui, "ces mesures montrent que le niveau des bactéries était 40 fois plus élevé sur la plage que dans les eaux de notre ferme. Donc dire que nos installations aquacoles vont polluer les eaux de baignade, c'est absolument injustifié".

Un périmètre "proprice" à l'aquaculture

Selon l'avis de la MRAE consulté par l'AFP, le projet est situé dans un périmètre "propice" à l'aquaculture recensé par le schéma régional de développement de l'aquaculture marine.

"De plus, poursuit l'organisme public, le choix d'un site suffisamment profond (50 m) et dans un milieu ouvert où l'hydrodynamisme est important, contribue à la prise en compte des risques d'eutrophisation (désoxygénation) des eaux marines".

La MRAE fait cependant remarquer que les conséquences du démantèlement des trois sites existants n'ont pas été suffisamment intégrées tout comme "les impacts attendus du changement climatique".

Le réchauffement climatique "favorise", en effet, le développement de bactéries pathogènes et donc "l'apparition de maladies dans les élevages aquacoles", obligeant à l'emploi d'éventuels traitements antibiotiques.

E.R. avec AFP