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Cannes: une propriétaire en grève de la faim depuis une semaine pour récupérer son appartement

Depuis huit mois, des locataires cannois ne payent plus leur loyer. Leur dette a néanmoins été effacée par la Banque de France. En difficultés financières, la propriétaire a décidé d'entamer une grève de la faim.

"J'ai la tête qui tourne, je suis un peu comme quelqu'un qui est en état d'hypoglycémie." Depuis une semaine, Danièle Trottini a entamé une grève de la faim pour dénoncer sa situation et tenter de récupérer son appartement.

Propriétaire d'un trois pièces à Cannes, elle ne reçoit plus de loyer de ses locataires depuis huit mois, après avoir annoncé mettre fin au bail. Une situation qui la plonge dans de lourdes difficultés financières. La dette s'élève à plus de 7.000 euros. Néanmoins, cette dernière a été effacée par la Banque de France la semaine dernière.

La goutte de trop pour Danièle, qui a appris la nouvelle par courrier. Les locataires devaient reprendre le paiement du loyer fin mars, "ce qui n'a pas été fait évidemment", déplore la propriétaire. Elle a alors décidé d'interpeller en commençant une grève de la faim.

"Je me trouve dans une situation compliquée. Je paye des charges sur mon appartement, je paye des impôts, je paye un crédit", liste-t-elle.

Après huit jours sans manger, les premiers signes de fatigue se font sentir. "Il commence à y avoir des petits tremblements, les jambes qui flageolent. Mais rien d’alarmant pour l’instant", assure-t-elle sur BFMTV.

"Pas de dialogue" possible

Les locataires, quant à eux, refusent de quitter l'appartement tant qu'ils n'obtiendront pas de logement social. "Je comprends la difficulté dans laquelle elle se trouve (...). Mais la situation a changé, nous avons eu un quatrième enfant et nous avons dû faire face à la maladie", confient les locataires à Nice-Matin.

"Nous ne pouvons pas nous retrouver dehors avec quatre enfants", insiste la mère de famille auprès du quotidien local. Son compagnon affirme avoir mené plusieurs démarches pour obtenir un logement social. "Mais on nous dit qu'il n'y a rien."

Danièle Trottini assure qu'il "n'y a pas de dialogue" avec la famille. "J’ai déjà essayé, je leur avais déjà laissé jusqu’au mois de janvier, je leur avais dit ‘si vous payez je n’entamerai pas de procédure'", raconte-t-elle dépitée sur BFMTV.

Aujourd'hui, la propriétaire regrette de ne pas avoir entamé de procédure plus tôt. "Je n'aurais pas dû attendre, avec des gens malhonnêtes comme ça."

La mairie assure "suivre le dossier de près"

Pour l'avocate de la propriétaire, c'est bien sa cliente qui paye les pots cassés. "On a l'impression que l'État lui demande à elle de pallier la carence de logement social", estime Maître Nathalie Daon. "Et en plus, on efface la dette à ses frais."

Pour Danièle Trottini, "cet appartement est réquisitionné par l’État pour abriter une famille en difficulté". Un sentiment difficile pour la Cannoise, qui sait que le processus sera long. "On me dit qu’on ne peut rien faire et que je dois attendre une procédure qui dure deux ans pour les mettre dehors."

La propriétaire a indiqué à Nice-Matin avoir prévenu son médecin ainsi que la municipalité. La mairie a par ailleurs expliqué à nos confrères qu'elle allait "suivre le dossier de près" et "voir comment aider" la propriétaire. Le maire David Lisnard, demande quant à lui un changement de loi pour mieux protéger les propriétaires.

"J'espère que ces gens-là seront relogés, parce que c'est la seule façon pour que je récupère mon appartement", a expliqué Danièle Trottini à France 2.

La Cannoise reste déterminée. Elle assure qu'elle continuera sa grève de la faim tant qu'elle n'aura pas récupéré les clés de son appartement. En attendant, elle a dû louer en urgence un appartement pour se loger, creusant encore plus ses difficultés financières. Aujourd'hui, elle paye 1.200 euros de loyer et 1.000 euros de crédit chaque mois.

Théo Bassilana et Victor Labbay, avec Juliette Moreau Alvarez