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"Ça peut tuer une famille": une agence immobilière niçoise soupçonnée d'arnaque aux logements sociaux

Plusieurs familles ont dénoncé avoir été victimes d'une arnaque aux logement sociaux par une agence immobilière assurant être mandaté par un bailleur social. BFM Nice Côte d'Azur a mené l'enquête.

Plusieurs milliers d'euros et aucun logement. Une agence immobilière, située en plein cœur de Nice, est soupçonnée d'arnaque aux logements sociaux. BFM Nice Côte d'Azur a mené l'enquête.

Selon plusieurs témoignages que nous avons recueillis, la structure assurerait à ses clients être mandatée par un bailleur social, qui lui aurait confié la gestion de plusieurs appartements sociaux à Nice et à Cannes. Pour réduire les délais d’attente et accélérer les procédures, l'agence demanderait ensuite à ses clients de régler la caution, le loyer et les frais d’agence en espèces.

Pourtant, une fois les sommes versées, la responsable n'aurait jamais remis les clefs aux nouveaux locataires.

"Vous devez payer en espèces et venir ici"

L'agence immobilière clame être mandatée par le bailleur social "Nouveau Logis Azur". Une structure qui a pourtant changé de nom en 2017 pour devenir CDC Habitat Social. Contacté, le bailleur social a affirmé n’avoir jamais fait appel à une agence pour la gestion de ces biens.

BFM Nice Côte d'Azur s'est procurée une vidéo filmée par des clients et a pu observer les méthodes de l'agence. La responsable propose des "logements dits sociaux" à des prix très attractifs pour les locataires intéressés.

"Le loyer est de 900 euros, vous avez 100 euros de charge", présente la responsable dans son bureau. "Une location surface habitable de 108 m2, quatre pièces, et le contrat sera fait à partir du 1er janvier 2024."

"Les premiers mois vous devez payer en espèces et vous venez ici, ici vraiment", insiste-t-elle.

Les clients face à elle ce jour-là ne recevront jamais leurs clefs.

"J'ai payé 2.000 euros"

Mariana, Damien et leurs deux enfants ont également fait les frais de cette méthode. Ils ont quitté Strasbourg pour un appartement dans la résidence Gambetta Park de Nice. On leur avait promis 120m2 pour 700 euros de loyer, mais sans jamais avoir obtenu leurs clefs, ils ont failli se retrouver à la rue.

"À chaque fois que je lui posais la question 'alors où en est mon dossier?', 'où sont mes clefs?', 'est-ce qu'on avance, qu'est-ce qu'il se passe?'... Elle trouvait toujours les bons mots", raconte Mariana.

La responsable de l'agence immobilière a assuré à Mariana qu'il ne fallait pas s'inquiéter. "On va y arriver, on y est presque", répétait-elle à la mère de famille.

Mariana lui a envoyé de nombreux SMS, auxquels la responsable répondait avec du retard. Selon Mariana, elle trouvait toujours une bonne excuse pour ne pas leur remettre les clefs du logement, comme l'attente d'un livreur ou encore une grève en cours devant la résidence.

"J'ai payé 2.000 euros mais mes proches, ma sœur et ma mère, ont payé beaucoup plus que moi", explique-t-elle.

L'agence nie les faits

Le couple va porter plainte. Sans solution de logement, ils ont stocké leurs affaires chez la sœur de Mariana.

"Elle s'est permis d'usurper l'identité d'un bailleur social, c'est ultra grave, dénonce Damien. Ça peut tuer une famille, littéralement."

Aujourd'hui, difficile pour le couple de trouver une solution après avoir été victime de cette arnaque. "J'ai simplement besoin d'un petit coup de pouce, de quelqu'un qui puisse nous aiguiller", ajoute le père de famille.

"Et pour le coup, j'ai peur. J'ai peur de passer par un particulier sur Le bon coin et de me faire encore arnaquer", conclut-il.

BFM Nice Côte d'Azur s'est, à son tour, rendu dans cette agence. La responsable a d'abord nié être mandatée par des bailleurs sociaux. Elle a également réfuté avoir touché de l'argent liquide, comme l'indiquent plusieurs témoignages.

À la suite de la diffusion de notre enquête, le premier adjoint au maire de Nice Anthony Borré a réagi a annoncé, avec Christian Estrosi, saisir le procureur de la République "afin qu'une enquête soit ouverte" sur ces "faits inacceptables". Il apporte également son soutien aux victimes.

Kelly Vargin, avec Juliette Moreau Alvarez