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"Aucune marge d'erreur": entre exercices et interventions, dans les pas du Raid des Alpes-Maritimes

Exercices de tirs, simulation de prise d'otages... Tout au long de l'année, les agents du Raid se tiennent prêts à intervenir dans diverses situations. BFM Nice Côte d'Azur a pu les suivre dans leurs entraînements.

"Ça me paraissait être l'aboutissement de la carrière de police." À Nice, une vingtaine d'agents composent l'unité locale du Raid, souvent considéré comme l'élite de la police nationale.

Si cette unité est appelée en dernier recours lors d'opération, dans le cas de prises d'otages, d'un attentat ou de forcené retranché dans un bâtiment, ses agents doivent être prêts à intervenir en toute circonstances.

Ils s'entraînent alors toute la semaine, entre maniement d'armes, d'explosif, séances de footing et de musculation ou entraînement de techniques de combat rapproché.

"On doit dépasser nos limites, même quand on est très fatigué, même quand on souffre", explique un opérateur à BFM Nice Côte d'Azur. "Toujours en dehors des limites, on doit être conscient de tout ce qu'on fait."

Objectif: "préservation de la vie humaine"

Toute l'année, l'unité se tient prête à intervenir lors de grands événements, et travaille pour cela en collaboration avec la préfecture, qui organise des exercices de grande ampleur. Récemment, un exercice de simulation d'attentat a eu lieu à l'Allianz Riviera. Le scénario: un drone délivre du gaz lors d'un match de la Coupe du monde de Ruby.

Sur place, les agents de l'unité ne sont au courant de rien, et doivent faire preuve d'anticipation, d'organisation et de travail d'équipe, avec pour objectif de neutraliser l'assaillant et sécuriser les otages.

Après une progression maîtrisée, les agents du Raid arrivent à la hauteur du preneur d'otage. Un collègue est alors blessé: il faut désormais ajouter son évacuation au scénario, mais aussi prendre en charge les otages et coordonner "l'après", la prise en charge par les secours une fois l'assaillant maîtrisé.

Autant d'éléments pour lesquels les opérateurs s'entraînent au quotidien. "Notre objectif ultime, c'est toujours la préservation de la vie humaine, même chez l'adversaire", explique Léo, à la tête de l'unité de Nice depuis plus de deux ans. "Si on doit engager le feu et appliquer une réponse létale, c'est qu'on a aucun autre recours."

Les agents doivent également s'entraîner au tir, dans le cas où ils devraient faire usage de leurs armes lors d'une intervention. Ils pratiquent ainsi le tir deux fois par semaine pour faire preuve d'une précision sans faille.

"Aucune marge d'erreur, sinon on est pas au Raid", déclare un agent. "Chaque travail a ses obligations. Les nôtres, c'est d'être toujours parfaits au niveau de tir."

Les opérateurs peuvent aussi être amenés à utiliser des armes de tirs longues distance. Ces fusils de précision font partie de la centaine d'armes qu'ils ont à disposition dans l'armurerie de l'antenne de Nice.

Au moins fois par semaine, ils s'entraînent à des tirs de sniping: toucher un objet de la taille d'un téléphone portable, à plus ou moins 300 mètres de distance. Un exercice qui demande beaucoup de sang froid et de précision, car un tir de ce type peut être déterminant lors d'une opération, comme une prise d'otages par exemple.

"À 300 mètres, au lieu de prendre le preneur d'otage, tu prends l'otage", explique un agent.

Des qualités de tirs, d'adaptation

Autre situation dans laquelle le Raid pourrait intervenir: un forcené armé retranché chez lui, comme cela a été le cas il y a quelques semaines à Nice, lorsqu'un homme d'une soixantaine d'années s'était enfermé chez lui avec armes après un différend familial, ou encore ce jeudi 30 novembre: le Raid est intervenu lors d'une importante opération de police après que la présence d'individus armés a été signalée dans un immeuble du quartier des Moulins.

Les agents sont souvent mis dans ces conditions lors d'exercice, comme celui auquel a pu assister BFM Nice Côte d'Azur: un homme retranché dans sa villa sur les hauteurs de Cimiez avec sa femme, avec laquelle il vient de se disputer.

Dans le garage, les opérateurs s'organisent. Le négociateur prend le relais et établi le contact avec l'homme retranché. Dès que celui-ci change de pièce et s'éloigne de sa femme, le Raid intervient. L'otage est sécurisée, l'homme maîtrisé.

"Au moment de l'action, on ne pense qu'à ça. On ne pense pas à la peur, ou l'appréhension qu'on pourrait ressentir", explique un agent à la fin d'un exercice de prise d'otages.

Qualités de tirs, d'adaptation, d'anticipation... Autant d'éléments qui sont travaillés chaque semaine lors d'exercice, mais qui font aussi partie des critères recherchés lors du recrutement des agents du Raid.

"C'est difficile de définir le profil d’un opérateur, mais à coup sûr c’est quelqu’un qui a un sens de l’engagement, de l’abnégation qui est supérieur à la moyenne. Quelqu'un qui présente des qualités au tir, des qualités physiques, techniques, de compréhension de situation. Un fonctionnaire de police qui a une belle expérience de la voie publique, qui est capable de s’adapter", explique un autre opérateur.

Si beaucoup d'agents peuvent présenter ces qualités, les places sont toutefois chères. Chaque année, 200 policiers se présentent au test d'entrée du Raid. Mais seulement une dizaine d'entre eux rejoignent l'une des 16 antennes, réparties en métropole et dans les outre-mer.

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