BFM Côte d'Azur
Cote dAzur

Alpes-Maritimes: les écologistes fustigent la volonté du maire de Levens d'installer des méga-bassines

Le maire de Levens et vice-président de la métropole se dit favorable à la création de bassines pour assurer une réserve d'eau pour les agriculteurs locaux. Les écologistes dénoncent toutefois un projet qui aurait de graves conséquences écologiques.

Une éventuelle solution qui ne passe pas auprès des écologistes. Invité ce mercredi soir sur le plateau de BFM Nice Côte d'Azur, Antoine Véran, maire de Levens et vice-président de la métropole de Nice en charge de l'agriculture et des forêts, abordait la possibilité de construire des méga-bassines en montagne dans le département des Alpes-Maritimes.

Un "cheval de bataille [qu'il] mène" afin d'assurer des réserves d'eau destinées aux agriculteurs maralpins, alors même que le département est touché par une sécheresse critique, une réunion sur le sujet ayant eu lieu ce mercredi avec la Direction départementale des territoires et de la mer et les acteurs locaux majeurs.

Des extensions de retenues d'eau pour le ski?

Mais la proposition est loin d'être approuvée par les écologistes azuréens, qui s'insurgent des propos du maire de Levens.

"Les méga-bassines ne sont pas simplement alimentées par les eaux de pluie", déclare Fabrice de Coupigny, conseiller municipal de Nice et enseignant-chercheur à l'université Côte d'Azur. "Elles nécessitent des opérations de pompage des nappes phréatiques et des cours d'eau. Ces projets de méga-bassines auront des impacts dramatiques sur nos nappes phréatiques. Elles ne servent que pour des cultures très gourmandes en eau. Alors pourquoi?"

Antoine Véran a notamment évoqué la possibilité de créer des extensions des retenues d'eau mises en place pour la production de neige dans les montagnes maralpines. Elles permettraient ainsi selon lui de combler le déficit de pluie, car les précipitations n'atteignent aujourd'hui que "40% ou 50%" de ce qui pleut habituellement.

"Ces 40% d'eau, si on arrivait à les retenir dans des bassines, si on arrivait à les retenir et les capter en montagne, au moment où la difficulté serait-là, on pourrait utiliser cette eau", argumente-t-il. "Donc oui, il faut qu'on s'inquiète, il faut qu'on négocie avec le parc du Mercantour."

"Une des solutions pour la montagne"

L'élu propose ainsi d'augmenter les retenues d'eau pour la production de neige "de 400 ou 500 mètres cubes, ce qui n'est pas énorme, pour s'en servir pour l'élevage. (...) Il faut qu'en 2024, on ait toutes les solutions prêtes, et les bassines sont une des solutions pour la montagne."

Un avis loin d'être partagé par Fabrice de Coupigny, qui rappelle que les techniques utilisées pour compenser le manque de neige dans les stations de sports d'hiver ont "des conséquences écologiques funestes".

"Il ne neige plus assez dans les stations de ski du haut pays, pour compenser cela ils font appel à de la neige artificielle. Les canons à neige ont besoin de plus de 4000 m3 d'eau pour un hectare de pistes contre 1 700 m3 pour la même surface de maïs (cultures réputées très consommatrices en eau)."

Le conseiller municipal estime ainsi que la proposition d'Antoine Véran n'est qu'un "refus de l'adaptation aux enjeux de l'urgence climatique, tant sur le plan politique qu'écologique", assurant que les écologistes "se battront" contre tout projet de méga-bassine dans les Alpes-Maritimes.

Laurène Rocheteau