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Affaire Geneviève Legay: le commissaire Souchi conteste son implication et défend sa "tactique"

Le commissaire Souchi est jugé depuis ce jeudi 11 janvier pour avoir ordonné en 2019 à Nice une charge "inadaptée" à l'origine de multiples fractures de Geneviève Legay, une militante d'Attac.

Le commissaire Souchi, jugé depuis ce jeudi 11 janvier à Lyon pour avoir ordonné une charge à l'origine de graves blessures à l'encontre de Geneviève Legay lors d'une manifestation de "gilets jaunes" à Nice en 2019, a défendu sa "tactique", "la plus efficace" selon lui pour disperser la foule.

Près de cinq ans après les faits, le commissaire divisionnaire répond en tant que "chef tactique" du dispositif sécuritaire, de "complicité de violence par une personne dépositaire de l'autorité publique".

Un major mis en cause

Rabah Souchi, 54 ans, costume pourpre et le visage fermé, a reconnu avoir donné l’ordre de charger les manifestants. Pour ce commissaire divisionnaire toujours en poste à Nice, si Geneviève Legay est tombée, c’est de la responsabilité individuelle d'un agent.

Il s'agit, selon lui, d'un major de la compagnie départementale d'intervention qui a par ailleurs été placé sous le statut de témoin assisté. "Elle est poussée individuellement par quelqu'un qui doit conduire sa section", assure-t-il. Le commissaire y voit un homme "qui se détache de l'action collective".

Le commissaire Souchi affirme que "la ligne de charge n’est jamais allée au contact de Madame Legay". Pour son avocat, Laurent-Franck Liénard, les conclusions de l'IGPN sont "erronées" alors que la police des polices avait conclu à un usage de la force "disproportionnée" en raison "d'ordres inadaptés".

La charge était la "tactique la plus efficace ce jour-là" afin de répondre à l'objectif fixé par le préfet: disperser la manifestation, maintient Rabah Souchi, en répondant pendant environ quatre heures d'une voix assurée au flot de questions.

Un objectif qui se justifiait, selon lui, par la présence des manifestants sur les voies de tram et leur refus de partir alors que la manifestation était interdite. Lorsque la présidente du tribunal insiste pour évoquer la proportionnalité de la charge, et non sa nécessité, il répond: "Ce n'est pas une tactique qui peut être disproportionnée, c'est sa réalisation".

"Je n'ai absolument pas conduit la charge, je l'ai ordonnée", martèle-t-il encore.

L'ancien préfet absent

L'audience se poursuit ce vendredi devant le tribunal qui entendra les nombreux témoins et Geneviève Legay. Celle-ci a indiqué, avant l'ouverture de l'audience, avoir "de la chance d'avoir un procès. Ce n'est pas du tout le cas de toutes les victimes de violences policières".

Par contre, le tribunal a appris que l'ancien préfet des Alpes-Maritimes, en poste au moment des faits, ne viendrait pas témoigner à la barre. Georges-François Leclerc, actuellement préfet des Hauts-de-France, a annoncé par écrit au tribunal qu'il ne pouvait se rendre au procès en raison "de la gestion des inondations" dans sa région.

L'avocat de Rabah Souchi a d'ores et déjà annoncé qu'il plaidera la relaxe. La décision devrait être mise en délibéré.

Boris Kharlamoff et Camille Fournier avec Amaury Tremblay avec AFP