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Brest

Finistère: prison ferme requise pour traite d'êtres humains dans une société de ramassage de volailles

La balance de la justice.

La balance de la justice. - LOIC VENANCE / AFP

Un couple franco-ivoirien est jugé dans le cadre d'une société de ramassage de volailles qui employait des Africains sans papiers dans le Finistère.

De une à quatre années de prison ferme ont été requises jeudi à Brest contre un couple franco-ivoirien, jugé pour traite d'êtres humains, dans le cadre d'une société de ramassage de volailles qui employait des Africains sans papiers. Le tribunal rendra son jugement le 6 juillet à 13h30.

La procureure Solenn Briand a requis quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt contre Marc S., 63 ans, gérant de la société bretonne Prestavic, dont la magistrate a dénoncé le "cynisme absolu".

Une peine de deux ans de prison, dont un avec sursis, a été requise contre sa conjointe Alice K., 38 ans, jugée pour complicité.

Des conditions de travail très rudes

Cette dernière, ancienne ramasseuse de volailles arrivée de Côte d'Ivoire en 2017, est soupçonnée d'avoir participé au recrutement de plusieurs de ses compatriotes, à qui le couple promettait une régularisation.

"Jamais je ne leur ai promis de papiers", a réfuté le patron de cette société basée à Saint-Sauveur (Finistère), surnommée "PrestAfrique" par ses clients. L'homme a néanmoins admis avoir "été un peu léger dans la gestion" des nouvelles recrues, à qui il ne demandait pas des papiers en règle, par manque de personnel.

"C'est vrai que c'est dur (comme travail). Les Français ne supportaient pas, ils n'avaient pas le courage de le faire. Ils préféraient toucher les Assédic que gagner 1000 balles pour ramasser du poulet", a-t-il justifié.

Salaires faibles, contrats "de façade", amplitudes horaires importantes, repos journalier pas respecté, insultes et froid... Douze anciens employés, en majorité Ivoiriens, ont décrit à la barre leurs conditions de travail très rudes.

Logés dans des hébergements insalubres ou impropres à l'habitation, ils étaient chargés de ramasser des volailles chez des éleveurs bretons pour les charger dans des camions vers l'abattoir.

"C'est une filière connue pour poser des problèmes de travail illégal depuis plusieurs années", a remarqué l'inspecteur du travail qui a initié le dossier.

"On va te rapatrier à Paris"

Le travail, nocturne, s'étendait de 17h00 à 6h00 ou 7h00 le lendemain matin, parfois plus tard lors des périodes de fêtes, selon les travailleurs. Les heures de transport et d'attente entre deux chargements n'étaient pas ou peu rémunérées. "Si tu réclamais, on te disait: on va te rapatrier à Paris", a témoigné l'un d'entre eux.

Marc S. "est fautif, il faut qu'il y ait une condamnation mais tout ça s'inscrit dans un système qui nous concerne tous", a lancé Maître Pierre Tracol, avocat des prévenus.

Critiquant des réquisitions "ultra violentes", il a demandé la relaxe pour Alice K. et une peine aménageable pour Marc S.

Lors d'un précédent procès en l'absence des prévenus, Marc S. avait été condamné à deux ans de prison ferme et sa compagne à un an de prison, dont six mois avec sursis. Ils ont fait opposition au jugement.

Alain C., qui avait hébergé les victimes, avait lui été condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis. Il a fait appel.

T.P. avec AFP