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Montgenèvre: les gendarmes mal équipés pour intercepter les migrants dans la neige?

Un gendarme (illustration)

Un gendarme (illustration) - DENIS CHARLET / AFP

Alors que le nombre de migrants qui arrivent à Briançon augmente fortement ces dernières semaines, des voix s’élèvent et mettent en cause le rôle des gendarmes mobiles.

C’est une situation assez improbable et absurde qui crispe autant les gendarmes que les policiers. La Police aux Frontières ​(PAF) de Montgenèvre s’est récemment attirée les foudres de Martine Clavel, la préfète des Hautes-Alpes, a appris BFM DICI. L’objet de la colère est liée à une arrivée massive de personnes en situation irrégulière dans le Briançonnais. Une arrivée telle que Refuges Solidaires a ouvert en urgence jeudi la tente de Médecins Sans Frontières pour accueillir dignement des migrants.

Rouvert depuis le 1er décembre dernier, ce lieu d’accueil d’urgence avait été fermé durant plusieurs semaines par les bénévoles qui réclamaient à l’État un nouveau bâtiment afin d’héberger des migrants en cas de surcharge des Terrasses, le lieu ne pouvant accueillir que 80 personnes au maximum. Avec les arrivées récentes, la limite maximale pourrait être bientôt atteinte.

La pression mise sur les policiers et les gendarmes

Ainsi, depuis plusieurs jours, la préfète des Hautes-Alpes met la pression sur les policiers et les gendarmes afin que le nombre de passages à la frontière diminue. Ces derniers se défendent.

"On nous avait annoncé le recrutement d’une dizaine de nouveaux fonctionnaires pour la police aux frontières à Montgenèvre, on attend toujours", déclare un cadre de la police à BFM DICI, pour justifier ces flux de migrants incontrôlés. Avant d’avancer un autre argument : "quand vous avez deux escadrons de gendarmerie qui n’ont pas de chaussures adaptées et qui ont l’interdiction de marcher sur la neige, il ne faut pas s’attendre à des miracles."

Depuis plusieurs mois, la police aux frontières peut en effet compter sur le renfort de gendarmes mobiles qui viennent de Chaumont, Hirson ou d’autres casernes en France. Ces escadrons sont-ils mal équipés pour intervenir en montagne? La situation semble avoir été très délicate au début des vacances de février. Chaussures sans crampons, manque de raquettes... Le matériel était clairement inadapté pour que les gendarmes puissent intervenir en toute sécurité, dans un milieu enneigé.

"C’est rentré dans l’ordre assez rapidement", souffle un gendarme, avant de poursuivre: "certains points de passages ont été abandonnés car ils sont dangereux, à la fois pour les gendarmes, mais également pour les migrants qui pourraient se retrouver en difficulté s’ils venaient à prendre la fuite pour éviter le contrôle".

La démobilisation occasionnelle

L'autre point à prendre en considération, selon ce gendarme, la démobilisation occasionnelle d’un escadron sur le site. Il n’est pas rare qu’un escadron doive quitter Montgenèvre afin d’effectuer une autre mission de maintien de l’ordre en France. Mais dans l’ensemble, les gendarmes mobiles restent très présents à la frontière. "Un escadron, c’est environ 70 gendarmes mobiles. Souvent, à la frontière, on a 140 gendarmes. C’est plus que tout le commissariat de Briançon et la PAF réunis. Alors, le job des gendarmes, il est fait", recadre un gradé.

Selon nos informations, les gendarmes mobiles en poste actuellement à Montgenèvre ont remis 31 migrants à leurs homologues de la Police aux Frontières ces derniers jours et des passeurs pakistanais ont aussi été récemment interpellés.

Une autre question demeure, les gendarmes mobiles ont-ils le droit de marcher sur la neige, dans ces conditions? Selon cette même source, contactée par BFM DICI, la réponse est oui.

"Bien sûr qu’ils ont le droit de marcher sur la neige, affirme-t-elle. Ils ont les équipements pour, mais ce ne sont pas des unités de montagne. La priorité, c’est la sécurité de tous. On demande aux touristes de ne pas marcher sur les pistes pour éviter les accidents. On ne peut donc pas faire des choses que l’on interdit aux gens."

Contactée sur ce sujet, la préfecture des Hautes-Alpes a clarifié la situation. Elle indique que "les récentes conditions météorologiques ont conduit à renforcer l’équipement de ces services et à intégrer avec l’appui du PGHM de Briançon les enjeux de sécurité en montagne dans l’exercice de leurs missions, au regard des spécificités haut-alpines". Ces équipes travaillent "de manière coordonnée à un contrôle quotidien des différentes voies de passages, permettant une gestion maîtrisée des flux migratoires".

Valentin Doyen et Solenne Bertrand