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"Le loup n'a plus peur": les éleveurs des Hautes-Alpes réclament plus de moyens contre le prédateur

En visite à Avançon pour rencontrer les agriculteurs démunis face aux attaques de loups, les syndicats ont annoncé un nouveau mode de comptage des prédateurs. La préfète du département y est favorable.

Ils dénoncent l'inefficacité des mesures de protection. Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO), étaient ce vendredi à Avançon, pour échanger avec les élus et les agriculteurs démunis face aux attaques de loups.

"Le loup, ici, c'est le contraire du maintien de la biodiversité, assure à BFM DICI Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Le loup s'est approprié les montagnes, le loup n'a plus peur." Pour la présidente de la FNSEA, il faut "changer de braquet".

Un nouveau comptage de loups à venir

Et justement, si les éleveurs disposent de moyens pour protéger leurs troupeaux face aux attaques du loup (chiens de protection, gardiennage, parcs électriques), ils sont aujourd'hui insuffisants, selon les syndicats.

Une des raisons des limites de ces protections serait liée aux comptages du loup sous-évalués. Cette thèse est soutenue par la FNSEA qui a par ailleurs annoncé ce vendredi la mise en place d'un "comptage contradictoire".

"Nous contestons le nombre de loups, déclare Christiane Lambert. Il y a trop peu d'agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) pour faire le comptage, c'est certain. Les agriculteurs et les chasseurs veulent faire un comptage contradictoire et nous allons le lancer."

Martine Clavel, préfète des Hautes-Alpes, s'est dite favorable à un nouveau mode de comptage des prédateurs pour mieux connaître leur nombre.

"La question centrale, celle dont tout part, c'est le comptage du nombre de loups, explique-t-elle à BFM DICI. Il a été décidé de repenser ces modalités de comptage et de permettre qu'elles soient plus contradictoires, qu'elles soient faites non seulement par l'OFB (...) mais également par les chasseurs, les éleveurs qui peuvent identifier des indices de présence du loup et ainsi permettre une meilleure comptabilisation du loup."

Ce nouveau comptage pourrait éventuellement permettre plus de prélèvements. "On a aujourd'hui un taux de prélèvement de 19% de la population estimée du loup. Si la population est estimée à un niveau supérieur, le prélèvement pourra être estimé à un niveau supérieur."

"Les éleveurs finiront par capituler"

À terme, les syndicats redoutent que les agriculteurs jettent l'éponge. "Les éleveurs, qu'ils soient jeunes ou moins jeunes, finiront par capituler", déplore Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Pour elle, cette situation, si elle devait aboutir, serait "un drame": "le pastoralisme, les brebis et les bovins qui pâturent et qui entretiennent ces espaces, personne ne peut les remplacer."

Stéphanie Lefèbvre, exploitante agricole, reconnaît qu'il y a un "stress de l'attaque" dans son troupeau. Elle constate notamment chez ses brebis "des avortements". "Ce stress permanent engendre beaucoup de dommages collatéraux", confie-t-elle. Mais ces coûts ne seraient pas pris en compte, selon les éleveurs.

Depuis le 8 octobre, dix brebis ont été tuées à Avançon et 974 victimes ont été recensées en tout dans les Hautes-Alpes, selon les chiffres communiqués par la préfecture des Hautes-Alpes à BFMTV.com.

Jérémie Cazaux et Solenne Bertrand